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Tu leur diras
Que je n’ai jamais joué l’’arrogance de ceux qui savent, encore moins, adopté l’attitude hautaine de ceux qui ont la ressource de se passer des autres. J’ai quitté, très jeune, le chemin des communs mortels, aidé en cela, par la magie des mots qui me tenaient compagnie, la nuit, avant de dormir. Est-ce ma nature ou mon horloge biologique qui m’ont donné cette aptitude à ignorer le temps et dormir quand les autres se réveillaient ? Toujours est-il que j’ai vécu, encore jeune, à la marge des traditions et des conventions, au point de devenir un être à part. Aimé par les uns, détesté par les autres. Que m’importait que l’on perde tant d’énergie pour me haïr quand il fallait se concentrer sur les détours du sentier que l’on devait suivre. Quand le destin m’exila vers ces communautés organisées et étrangères, la lecture fut la seule clé que j’avais pour ouvrir les portes du monde extérieur. C’est dans ces arrière chambres de la vie, que je rencontrai ces brillants esprits qui savaient me raconter les choses avec des mots simples. J’appris, alors, à penser en restant libre et, si l’un me parla de la poésie, un autre me dessina les forêts vierges dans lesquelles je me perdais volontairement pour apprendre à respirer le parfum des fleurs et danser au son des oiseaux invisibles.
Quand je regarde derrière moi, ce sont des ruelles avec des portes innombrables qui portaient le nom de tous ces auteurs que j’ai rencontrés dans le silence apparent de mes solitudes. L’un s’appelait Valéry, Paul Valéry, quand je découvrais qu’avec des mots, on pouvait tordre la pensée jusqu’à la rendre méconnaissable,. L’autre, Victor, de son nom Hugo, m’apprit la liberté d’être en refusant de faire la queue pour un semblant de vie, des miettes d’existence. Albert me parla de Sysiphe et l’absurdité de l’existence quand elle n’a ni but, ni consistance. D’autres encore et encore… Cette ruelle m’était devenue familière. Une foule de figures la traversait et, à chaque pause, je reconnaissais des visages, je les identifiais à leurs démarche ou à leur manière de parler en levant le point pour déranger les habitudes. Sartre et Simone, sa campagne ou Nietzsche et son ami-prophète Zarathoustra, Musset pleurant au bord de son lac en attendant Eugène. Tous ces êtres imaginaires devinrent mon monde et mon univers. Ils ont, ainsi, remplacées mes parents, mes frères et mes sœurs et j’avais, sans le savoir et sans le vouloir, obtenu le visa de l’au delà des frontières devenant, sans lavoir voulu ou imaginé, le citoyen du monde. Il n’’y avait, pour moi, aucune barrière, aucun obstacle pour voyager, sans bouger, des Amériques aux pays du soleil levant. D’Anchorage au cap Horn. Mon navire, un trois mâts, voguait d’océan en océan et dans chaque port, je vivais une histoire. Des fois, quand la contrée me plaisait, je prenais le train d’Agatha Christy ou la calèche d’Arthur Conan Doyle pour me retrouver en train de suivre de fabuleuses enquêtes policières. Après les livres et les mots, vint l’image et le cinéma. C’était une autre magie en couleurs. des sons et des paroles dans un univers de couleurs qui perpétuait mon amour des personnages et des histories. Je ne lisais plus je regardais le contenu des pages devenir vivant. Dans les salles obscures, vous lisez des livres en les regardant comme une réalité virtuelle.
Tu leur diras, alors que quand on me parle d’un livre que je peux lire et comprendre, je n’ai nul besoin d’un autre esprit que le mien et si son contenu se confond avec ce que j’ai appris et compris, je saurai, seul et mieux, en tirer le sens et l’essence. Ces derniers temps, on me parle de Dieu mais je reste sourd à l’arrogance de ceux qui prétendent pouvoir me le décrire ou m’indiquer où il se repose et si je suis sa création, je mets un frein à mon ambition de vouloir le rencontrer. Je ne vis qu’à l’échelle des hommes et des femmes qui, comme moi, savent que chacun de nous est singulier, tant par son apparence que ses aptitudes particulières. Un peu comme si chacun avait, en venant au monde, une mission à remplir. Le paradis ou l’enfer, dont ils parlent, avant l’au delà, sont ce que nous faisons de nos existences. Quel bonheur serait-il plus grand que celui que nous procure le regard d’un enfant sauvé des flammes grâce à notre courage et notre abnégation ? Quelle souffrance plus insidieuse que celle de notre conscience quand nous nous emparons de ce qui ne nous appartient pas ? Le paradis, comme l’enfer, c’est ce que nous vivons chaque jour en faisant le bien ou le mal.
Cette conscience du rôle de chacun, de ses limites et de ce qu’il peut ou doit faire, c’est notre conscience de l’humain et de cette obligation à en tenir compte, pour nous comme pour les autres. Il n’y ni vil, ni bon, il y a, seulement et uniquement , ce que nous faisons de notre passage sur terre. Il n’y a ni maître, ni esclaves, il n’y a que des êtres qui se battent pour ne laisser derrière eux qu’un monde meilleur que quand ils l’ont découvert.
tu leur diras, ainsi étais-je…
Homme ou femme
Voir: Auguste Clésinger
Femme piquée par un serpent
Ce marbre fut, avec les Romains de la décadence de Thomas Couture, l’oeuvre la plus commentée du Salon de 1847, faisant l’objet d’un double scandale, artistique et mondain. Pour cette image suggestive d’une femme nue se tordant sous la piqûre d’un serpent symbolique enroulé autour de son poignet, Clésinger, comme en témoigne la cellulite du haut des cuisses et retranscrite dans le marbre, avait utilisé un moulage sur nature du corps d’une demi-mondaine, Apollonie Sabatier (1822-1890). Muse de Baudelaire, beauté parisienne tenant un salon, celle que ses amis appelaient « la Présidente » offrit ainsi un succès inespéré à Clésinger.
L’utilisation directe du moulage sur nature pour une sculpture était violemment contestée au XIXe siècle,
induisant l’absence de travail et de probité de l’artiste.
la Femme piquée par un serpent - Auguste Clésinger
Pensées
Il y a, en chacun de nous, ce besoin d’avoir quelqu’un pour qui on aurait envie de se réveiller le matin. Celui ou celle qui nous ferait croire que, sans lui, il n’y a point d’espoir. Parfois, on tombe dans le piège, celui de vouloir tout voir à travers ses yeux. On s’obstine à vouloir y croire mais, le temps finit par nous faire voir que chacun n’a de regard que pour lui-même. Après s’être cristallisé sur l’autre jusqu’à l’aliénation, on finit par prendre conscience qu’on ne voit bien les choses qu’à travers son propre regard. On comprend que quand quelqu’un vous aime parce que vous l’aimez, ce n’est point pour vous même mais par conformité de goût. Il vous aime car vous aimez la même personne.
Farniente à Paris
Le 21 mars a été proclamé Journée mondiale de la poésie par la Conférence générale de l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture, lors de sa 30° session, à Paris, en octobre et novembre 1999.
L’objectif de cette journée est d’encourager la lecture, la rédaction, la publication et l’enseignement de la poésie dans le monde entier et de « donner une reconnaissance et une impulsion nouvelles aux mouvements poétiques nationaux, régionaux et internationaux ».
« A l’heure où la poésie est en pleine expansion, cette Journée pourrait servir de cadre aux actions et efforts qui sont réalisés à différents niveaux pour soutenir la poésie, et plus particulièrement à promouvoir :
- les efforts des petits éditeurs qui s’attaquent au marché du livre, en publiant de plus en plus de recueils de jeunes poètes
- le retour à l’oralité, ou plutôt au spectacle vivant, car aujourd’hui les récitals de poésie attirent de plus en plus de monde
- le rétablissement du dialogue entre la poésie et les autres arts tels que le théâtre, la danse, la musique, mais aussi la peinture, etc., et avec les thèmes d’actualité comme la culture de la paix, la non-violence, la tolérance, etc
- l’association, à l’occasion de la Journée mondiale de la poésie, de tous les arts ainsi que de la philosophie qui lui est également très proche, afin qu’un sens puisse être redonné au mot de Delacroix qui écrivait dans son Journal « Il n’y a pas d’art sans poésie »
- l’image de la poésie auprès des médias afin que l’art poétique ne soit plus considéré comme un art tombé en désuétude mais comme un art qui permet à la société tout entière de retrouver et d’affirmer son identité
- Rapport sur la journée mondiale de la poésie en l’an 2000
- Conclusion du débat consacré à la coordination des institutions poétiques à travers le monde
- Conclusion du débat consacré à la préparation de la journée mondiale de la poésie en 2001 dans le cadre des Olympiades culturelles de Delphes »
Message du directeur général de l’UNESCO à l’occasion de la Journée mondiale de la poésie – 21 mars 2003
L’artiste
Quelques traits de pinceau
Gestes assurés
et cœur palpitant
Il dessine un univers
où le verbe et le regard
complices pour décrire
ce qui remue les viscères
quand elle bouge
de moue coquine
à l’auriculaire qui fuit l’anse
de la tasse qui tremble.
Sa main caresse la courbe
de la hanche offerte
au pouce qui estime
les proportions divines.
Partant de l’aisselle nue
jusqu’au galbe du genou.
L’encre dessine ce que le mot
n’ose et ne peut décrire.
Il a l’art de montrer
ce qui, chez elle,
ignore l’indifférence.
Elle sait, qu’elle a beau occulté
ce qui trahit ses pensées
il saura indiquer à l’œil
ce qu’il faut voir et regarder.
Elle s’est déshabillée
pour jouer au modèle docile
Lui seul met à nu
son âme qui se repose
sous la lumière du Nord
Offrant ses rondeurs
aux caprices du peintre
laissant dehors le mâle qui dérange.
Il ne la voit pas, il l’observe
car pour trouver la gamme
sur laquelle la toile va chanter
l’esprit s’interroge
s’il faut sortir ou rester
quand le désir est présent.
Dans le silence de l’atelier
le temps s’écoule,
Le pinceau hésite,
plonge dans la couleur
revient, guidé par le regard.
Elle n’est plus elle, elle est
points lignes, courbes et rondeurs
Volumes et surfaces.
Il piège, habilement,
ses imperfections.
Il ne peint plus, il s’invente
la femme de ses rêves
dans le désordre des pinceaux
cuillères et gouaches.
Pour un peu, il se serait cru Dieu !
Mustapha Halim
Émouvant au point d’avoir les larmes qui me brûlaient les yeux tant elles étaient chaudes. Cher frère, cher ami tu ne peux t’imaginer à quel point je regrette de ne pas m’avoir donné le temps de le consacrer pour ton écoute, est-ce par égoïsme ou par maladresse, qui sait? N’oublions pas qu’on ne manquait pas d’agents perturbateurs de la famille auteur de nous. Enfin j’arrive à la conclusion que seule une maman au milieu de tout ce chaos peut sentir ce que ressent un fils dans sa solitude. Pardon cher frère, cher ami.
Oum El Az Chebani
Ssi Nourr Edine,
Image très explicite.
Lamartine cogitant devant son lac.
Mais qui êtes-vous donc pour avoir une pareille plume sans pour autant défrayer la chronique ?
En lisant ce texte, j’ai réalisé que, depuis mon jeune âge, je disposais d’un visa perpétuel pour ces eldorados de rêve, sans même faire la queue devant des consulats suffisants ayant très tôt le goût pour la lecture et le désir de découvrir des langues autres que la mienne, des cultures autres que la mienne.
Et cette impression, cette découverte, citoyenne du monde sans visa, est très réconfortante dans cette période faussement taxée de globalisation.
C’est un réel plaisir de vous lire. Merci.
Ghizlaine Bensouda
Effectivement tu es unique cher ami
Des fois en lisant tes sublimes écritures, j’ai les larmes qui coule..non pas de tristesse mais les émotions la vie dans tes textes
C…c .. tu trouveras bien les mots qui me manque
Merci merci l ami, De me donner des moments merveilleux de lecture
Robert Haïtam Péaud
Un beau texte auquel j’adhère totalement ! J’ai aussi beaucoup voyagé avec les livres…ensuite avec un sac à dos, mais partout où j’allais quelques livres me suivaient. Je crois qu’il n’y a pas de meilleures ouvertures sur le monde, passé, contemporain ou futur que les livres…et la poésie bien sûr
Saida Tahri Joutey
La magie des mots et comme on dit chez nous en fassi « Allah yarham men arrak »
Clin d’œil au désir
envie de plaire…
Le droit de s’oublier
Les doigts qui pianotent
le refrain de l’éveil des sens
sur mon épiderme gagné par la grâce
que chaque phalange respire.
La paume douce en réceptacle
pour boire l’eau fraiche de la source claire,
Le poignet que le bracelet désigne
comme un carrefour de joies multiples,
le bras qui frissonne sous mes doigts
quand je tente de lui décrire
ce qui en elle bouleverse mon émoi,
Sur le bel arrondi de l’épaule
je dépose le baiser inévitable
pour faire frémir en elle
le féminin pluriel qui dérange.
Elle se détend et se cambre
quand mon murmure chuchoté
au creux de son cou fragile
lui annonce la soif des tortures
dans les chaires qui s’abandonnent
quand le soir fait taire les bruits.
Nous ne sommes plus ici,
ni là bas, ni ailleurs, d’ailleurs.
Le temps et l’espace s’éclipsent,
vaincus, en silence, par la joie commune
que dessine l’ombre des corps enlacés.
L’étoile cligne et la nuit tombe sans fracas
sur ce qui reste du monde qui regarde
l’amour dessiner en dansant
le baiser profond, le baiser serment.
Seins nourriciers pour l’enfant
Ivresse et vertige pour l’adulte
le temps devient rectiligne
le printemps se débarbouille
à la fraîcheur des lèvres silencieuses.
Il n’y a plus de vie, plus de mort
plus de paradis, plus d’enfer.
Dieu, lui-même, ferme les yeux
Il n’y a pas d’erreur, ni de ratures
dans le langage de l’amour.
On m’a dit, un jour, que le poète est un arbre avec des branches qui fleurissent encore même quand son tronc est creux à l’intérieur, il meurt doucement en faisant de l’ombre pour ceux qui se reposent sous son feuillage. Un peu comme si la météo pouvait lui dicter l’humeur à adopter, il peut être heureux et semer la joie avec des mots brillants de bonheur, comme il peut dessiner des larmes sur les pages oubliées d’un cahier d’écolier….
Mort annoncée
« Il y a un moment où les mots s’usent et le silence commence à raconter » dira Gibran, quand certains, à force de mentir, deviennent autres. Vous sentez, alors, comme une colère au fond de votre conscience. Elle devient une lumière qui vous fait voir des blessures acceptées comme des paroles saintes. L’amour est un Dieu qui vous endort et vous fait voir, le mensonge en couleurs. Son regard, comme une lueur qui déchire la nuit, m’a raconté des histoires aussi vraies que des mirages dans le désert. Quand elle parle, j’ai envie, sans le savoir, de la croire mais à force de manier le verbe avec la dextérité des femmes inconscientes, elle a fini par oublier que je l’écoutais peut être mais avec intelligence. Quelle douleur plus grande que de découvrir un peu d’amertume dans le miel du matin, dans les baisers enflammés, un soupçon de faire semblant, et dans la main qui tremble, cette peur d‘être démasqué ?
Quand j’ai décidé de la quitter, j’’ai pensé à comment faire sans détruire l’image qu’elle admirait dans le miroir qui déforme l’horizon qu’elle s’imagine. J’ai commencé par réduire l’intensité des baisers, le temps que je passais à la regarder et la paix que je lui procurais quand elle s’oubliait sur ma cuisse qui lui servait d’oreiller. Mes silences s’éternisait, entre l’obligation que j’avais à lui dire ce qu’elle voulait entendre et la patience que je lui offrais pour s’écouter vivre. Dans mon cœur et ma conscience, elle était morte avant de partir et son image s’effilochait sur les pages de ma mémoire. Me souvenir de son manège, c’est réduire l’oubli à une fumée transparente or je voulais sortir indemne pour mieux me préparer à croire quand la vie me sourirait encore. je la quittai doucement comme un mal de tête que le sommeil est en train de vaincre.
Quand les mots devinrent rares et les absences plus fréquentes, elle se réveilla doucement et se mit à vouloir redevenir une autre. Il était trop tard pour ranimer la flamme quand les cendres sont froides et mon cœur comme un enfant turbulent, me faussa compagnie. Le verbe se mit à perdre sa lumière jusqu’à devenir poussière et le souvenir s’estompa comme la lueur d’une lune vaincue par les nuages.
Elle se mit à comprendre qu’elle était en train de perdre quelque chose qui lui échappait. Trop tard pour la retenir car l’amour avait plié bagages et rendu au cœur qui lui serait d’écrin, toutes les clefs des mystères qui donnaient aux âmes sincères, cette lumière qui, gratuitement, les sublimaient.
Alors que je semblais, en elle, encore vivre, en moi, elle pesait lourd pour l’effort que je devais faire pour encore, essayer de la croire.
Ce matin là, je sortis de sa vie comme un paria des compassions inutiles. Je fermai la porte sans faire de bruit par crainte de regarder des larmes tomber, brûlantes, sur ce qui, en moi était encore humain. Quand le train démarra, une torpeur d’une opacité incroyable prit possession de l’esprit qui ne voulait plus rien voir et, c’est dans le sommeil que je quittai son univers.
Table des matières