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Psychothérapie de foule
L’imagination, cet univers qui, associé au rêve, devient si envoûtant qu’il sera difficile de s’en échapper. Si la main, fidèle et habile, en est le prolongement, le résultat est un risque de contamination pour tous ceux et celles qui savent que la vie n’est pleine que de ce qu’on veut y mettre.
Il y a ceux et celles qui libèrent leur sensibilité, s’ouvrent aux flots de lumières, de couleurs, se laissent griser par la musique des mots ou la grâce du mouvement qu’elles inspirent et, ils en sortent, alors, comme lavé du sens commun qui limite les respirations et annihile toute envie d’évasion.
Il y a ceux qui n’ont pas profité de cette égalité des chances et au lieu de naître avec une cuillère d’argent, ils ont atterri dans ce No Man’s land qui sépare la vie de la survie. Malgré eux, ils ne sauront imaginer que ce qui les rapproche de la bouchée de pain qui fait patienter la faim quotidienne. Ils n’auront pas le temps, ni l’occasion de chanter, de danser ou de rire et tout ce qui leur reste comme espoir, c’est le rythme de leurs battements de cœur. Entre l’angoisse du lendemain et le chaos de leur avenir, ils arrivent à chanter pour faire taire leurs nombreuses douleurs. Alors, quand le diable se présente à eux, déguisé en demi dieu, ils ne cherchent pas à comprendre, ils s’accrochent aux mots qui leur racontent leur propre histoire. Le subtil et le machiavélique résident dans la fin qu’ils leur promettent s’ils s’alignent derrière ses délires. Ces prédicateurs deviennent, alors, indispensables à la liberté de penser quand penser n’est un vice que quand elle devient doute. Le doute occulte le chemin du paradis, psalmodient-ils dans le silence des prières.
Pour cette catégorie de communs mortels, l’abonnement aux paroles des demis dieux est l’unique option pour le visa des espaces où l’eau est miel, l’air, odeur de Jasmin et la copulation libre et répétée à outrance. Des vierges qui dansent aux confins de leur imagination les font sourire quand ils pensent à ceux qui ont libéré leur imagination pour les feux de l’enfer.
Multipliez les prédicateurs et les groupes deviennent foule. Au sein de cet essaim incontrôlable, grouillent les idées qui appellent au Jihad pour exterminer les impies, ceux qui refusent de penser comme eux. Utilisez votre table de multiplication en ajoutant un, chaque jour et vous avez une idée précise sur la menace qui guette les frontières de votre imagination de là, de votre liberté à être !
Ils l’ont tué
Des années plus tard, sa vie, comme un cierge qui a fini se se consumer, s’est éteinte. L’obscurité est tombée d’un seul coup. Le crime commis à son encontre est un assassinat si on réfléchit à ce qui arrive à la famille de la victime. « Elle n’est pas morte ! » me confie-t-il » mais c’est tout comme », ajouta-t-il. « Je ne l’ai pas perdue parce que j’ai manqué d’égards mais parce qu’on a voulu l’éloigner de ce que, aucun d’eux ne peut avoir. Il lui ont fait croire qu’ils étaient, elle et eux, un seul corps que rien ne peut démembrer. Ils étaient si convaincants qu’elle n’osa même pas penser qu’ils pouvaient avoir tort. Je comptais beaucoup sur le rêve que nous avions fabriqué ensemble et c’est même à cause de ce rêve que j’en suis là à me demander si, entre elle et moi, il y avait une infime once d’amour sinon, la force de nos baisers, la profondeur de nos rêves ou l’immense complicité qui faisait notre quotidien, disparus, sur un claquement de doigts. Il est inconcevable, pour un esprit sain, qu’il puisse y avoir une force plus forte que ce lien qui s’est tissé à l’ombre de nos confidences mais, étaient-ce des confidences quand on voit comment ils ont su lui dire les mots qu’il fallait ? L’erreur était-elle de sa part en laissant, pour eux, porte et fenêtres ouvertes. Quand le diable de la jalousie arrive à pénétrer entre les lèvres qui prononcent « je t’aime » et l’oreille qui le reçoit, toute la puissance de l’amour s’effondre et ce qui était un couple, devient un destin ouvert à tout vent. Les détritus des médiocrités comme l’obscénité des mots vulgaires ou l’infect spectacle des comportements pervers, s’accumulent pour empêcher les regards de se rencontrer, les mains de se joindre et les cœurs de palpiter au même rythme.
Finalement, tuer l’amour entre deux êtres devient le crime parfait quand l’un ou l’autre des partenaires devient complice et ferme les yeux sur les atteintes à la sacralité naturelle de la vie privée. L’amour, lui, n’a qu’une exigence à cause de sa fragilité, comme le cœur ou le cerveau, d’être protégé par une dure enceinte osseuse qui le mettraient à l’abri des jalouses intentions et des envieuses postures. Il suffit de laisser une fine brèche qui s’ouvre pour que la haine pénètre et balaie tout sur son passage.
Du temps des hommes de valeur
Où allons-nous ?
J’évite de sortir sans raison depuis que la rue est devenue un spectacle de médiocrité ambulante. Les chauffeurs au volant de leur voiture ont cette arrogance proportionnelle à la qualité du véhicule au point que cela me rappelle, à chaque fois, le macaron du cycliste qui a créé, à Paris, l’association qui a pour devise « 100 chevaux sous le capot et 1 âne derrière le volant ». Il vous double en dépassant la ligne pour arriver avant vous au feu rouge. En plus de ce manque de civisme qui rend nos rues sales et poussiéreuses, il y a cette mafia, en gilet jaune, qui a pris possession des trottoirs. Un métier qui n’en est pas un car le gardien, qu’il se prétend, ne garde rien et en cas de vol ou de vandalisme sur votre voiture, il vous répondra, convaincu d’avoir raison, « vous n’êtes pas le premier ! »
A chaque fois que vous démarrez pour aller quelque part, vous êtes frappé par le nombre de mendiants. Cela va du réfugié arrivé du Sud de l’équateur, qui se balade en vous accostant pour quelques dirhams, à la femme qui a fui la Syrie pour ne rien trouver d’autre que d’envoyer sa fillette de douze ans, vous coller en tendant la main.
Tous ces hommes qui excellent dans l’associatif, les professionnels de la politique, les militants de parti, sur le retour, les bourgeoises en mal d’activité qui gère une association comme on gère une basse cour, les retraités qui jouent aux cartes sur une natte au coin de la rue, tout ce beau monde, quelle idée se font-il de l’humain. L’Humain et sa dignité et non l’occasion de s’inscrire des « hassanates », Non, ni le bien pour se farcir une réputation ou pour meubler son temps mais l’action organisée, pensée et réfléchie que le gardien de parking se responsabilise, ou que la réfugiée syrienne s’inscrive dans un programme d’accompagnement pour qu’elle n’ait pas à « utiliser » sa fille au lieu de l’envoyer à l’école.
« Al madahir », les apparences seules comptent. Du type de voiture que l’on se paie à crédit à la tache bactérienne sur le front pour faire croyant, ont métamorphosé un peuple, jadis, bon vivant et agréable à vivre. Combien de procès en malversation pour des associations qui brassaient des millions ? Combien de politiciens devenus affairistes ? Combien de syndicalistes ont troqué le combat pour les travailleurs contre le confort d’une Mercedes ?
Il nous faudra tout revoir, tout raser pour tout recommencer avec à la base et comme objectif, l’humain. Citoyen, instruit et responsable. L’école remaniée pour former avec des valeurs universelles, il nous faudra chasser le discours qui raconte la vie actuelle avec des couleurs du VII° siècle, rappeler aux gens qu’ils sont à l’image de leur rue, de leur comportement au volant et de l’idée qu’ils se font du respect des autres.
Une ségrégation s’est installée, en sourdine pour ébranler le principe d’égalité. On est croyant ou pas, riche ou pauvre mais rarement de simples citoyens avec les mêmes droits et les mêmes libertés. L’échelle sociale a troqué les valeurs humaines contre le nombre de sourates apprises et plus votre barbe devient longue et plus vous devenez expert en lévitation pour vous élever au dessus des autres.
J'ai aimé à la voir aimer
ce que j'ai aimé à lui dire.
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