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Portrait
Au fond de la fleur sommeille un parfum si subtil qu’il faut devenir insecte pour le sentir et quand je vois le sourire qui répond au regard, j’en ressens le relent qui m’en rappelle l’existence.
Ne me jugez pas à mes succès mais plutôt à mes échecs et à ma capacité à me relever.
Dame nature créant l’enfant dans la chaleur maternelle comme le soleil qui fait mouvoir les pétales de l’orchidée belle et mystérieuse. Le cœur bat se nourrissant du bonheur qu’il va chercher sur des lèvres encore vierges et innocentes. Les petites menottes fragiles en quête de l’épiderme rassurant, tracent le souffle d’une mère jamais rassasiée, jamais rassurée et vivant la peur d’entendre le cri de la douleur entre les mots sans consonnes de cette part d’elle-même qu’elle enfante doucement.
Sa journée s’étire et s’étale, bercée par la pensée sentinelle qui veille sur le berceau où dort son amour et sur le col de sa chemise navigue le souvenir de son odeur comme une ondée bienfaitrice, comme une lumière qui se prolonge devant elle en horizon de pleurs et de rires.
C’est la vie à son aube comme un matin sans nuage, comme une vague qui vient, doucement, mourir aux pieds du père qui respire le spectacle comme une louange divine.
Depuis sa naissance, la demeure est plus éclairée et les bruits se sont feutrés pour le laisser dormir. Adieu fracas des vies quotidiennes, adieu sons maladroits et bienvenue à la musique incertaine des pas qui s’obligent au silence, des voix qui économisent leur volume et aux chuchotements à peine audibles à quelques phalanges de l’oreille innocente.
Il a pris le pouvoir de tout programmer sans le savoir et dirige la journée comme un petit soleil qui réchauffe les craintes et les rêves de ceux qui le voient grandir. Quand il pleure ou cesse de sourire, la tristesse écarte les rideaux qui protège l’univers et les pensées s’immobilisent pour laisser l’esprit chercher ce qu’il peut vouloir dire.
On dira qu’on exagère les besoins qu’il a mais on oublie que nous payons de nos vies pour le voir s’épanouir car le destin s’inverse et nous avons plus besoin de lui que lui de nous ! C’est l’algèbre de la vie qui se perpétue après nous et le mystère de l’histoire qui se refait, grâce à nous, grâce à lui.
Le verbe se relâche, la pensée se rassure et le rire envahit les visages comme une ivresse divine, de foi et de confiance quand, sur l’écran se structure l’image d’un être, mi-ange, mi-enfant et envahit le bruit du salon comme une sirène de bonheur, comme la flamme fière et chaude qui libère les respirations, stimule les cœurs et les corps vaincus par l’habitude.
Louange à celui qui, en modelant le corps des enfants, pense au bonheur des proches, des amis et des parents !
Brin de vie « Blue jean »
« Ma tête enfle et pourtant, dedans il n’y a rien » dit la mère et, en se penchant vers son fils qui dort sur ses jambes repliées, elle se murmura « Dieu songe-t-il à me rappeler à lui ? » Elle ferma les yeux et s’obstina à vouloir remonter le temps jusqu’au jour où sa mémoire se mit à noter les souvenirs. Ceux douloureux des proches partis pour toujours, ceux des blessures de ce qu’elle a cru être de l’amour et ceux que ses enfants n’ont pas su lui éviter ou, ceux joyeux, comme le jour où elle frissonna pour la première fois en tant que femme quand ce professeur la retint, après le cours, pour la couvrir de regards, regards étranges, regards de désir et pourtant interdits. Elle se revit, lui jouant la garce pour le mettre mal à l’aise, un peu comme pour voir quel effet elle avait sur lui, sur les hommes et un peu, par curiosité, pour savoir ce qu’il peut faire si elle cédait !
Elle se souvint de la nuit où, après que ses parents furent endormis, elle traîna l’échelle jusqu’au mur derrière qui séparait la maison de celle du professeur. Il n’habitait pas à côté mais derrière. Elle escalada l’échelle jusqu’à pouvoir jeter un œil sur la maison du professeur. Elle le vit, à travers la fenêtre. Il était dans sa cuisine. Elle resta, longtemps, à l’observer songeant à comment faire pour lui signaler sa présence. Cette nuit là, elle prit peur et rebroussa chemin avec cette conviction naturelle que c’est à l’homme de tout faire, la femme, elle, se contente d’être.
Quelques jours, plus tard, elle se retrouva dans la même situation juste que, ce jour là, il faisait jour et elle voulait monter chercher le ballon de son petit frère. Le professeur la vit, d’abord, de dos et eut comme un choc. Le Blue Jean qu’elle portait moulait ses formes, harmonisait ses rondeurs et quand elle enjamba le mur pour monter sur le toit, il eut le souffle coupé par le mouvement des hanches de la jeune élève.
Il resta, du haut de ses trente ans, bouche bée, le cœur palpitant, à observer la scène jusqu’à ce qu’elle se retourna, le ballon entre ses mains et le remarqua. Elle, avec ses dix huit printemps, resta comme paralysée en le voyant perdu dans sa contemplation. Il avait dans le regard quelque chose de mystérieux qui lui fit un effet tel qu’elle se rendit compte qu’elle avait l’étrange pouvoir de déstabiliser un homme. Il était là, toujours dans la même attitude jusqu’à ce qu’elle lui fit signe de la tête et jeta le ballon vers son petit frère, en bas, dans la cour. Tout en faisant le chemin inverse lentement, elle surveilla le comportement du professeur et remarqua que son regard ne ratait rien des mouvements qu’elle faisait. Elle lui tourna le dos en s’engageant sur l’échelle et se retourna. Il avait sa main sur sa bouche ouverte et ses yeux s’étaient écarquillés. Tout ce qu’il voyait, c’était son dos et son postérieur. Ce regard, elle le reconnaissait et l’avait, à chaque fois, surpris chez l’épicier, même chez son oncle, quand elle s’en allait et, bizarrement, c’était toujours quand elle portait un Blue jean !
Le lendemain, à la fin du cours, elle était la dernière à quitter la salle. Un peu comme pour provoquer l’attention du professeur. Il la suivait des yeux et quand elle passa devant lui, leurs regards se croisèrent. Il y avait, chez eux, comme un secret partagé. Elle, d’être attirante en Blue jean et lui, d’aimer la voir ainsi. Elle l’avait touché, troublé et conquis. Il était tout autre en la voyant, en pensant à elle. Elle lui dit « Monsieur, où trouverai-je le livre que vous nous avez conseillé ? » en se collant au bureau, le torse en avant. Il continua d’écrire et sans lever la tête: « quel livre ? »
– Celui de Victor Hugo !
– Ah ! Correspondances ? Il est très rare mais je peux te le passer, si tu veux !
– Merci, monsieur.
– Ce soir, je te le passerai par dessus le mur. dit-il en la fixant avec un air convaincant et convaincu.
Elle se sentit coupable sans savoir de quoi et reprenant son souffle elle demanda:
– A quelle heure ?
Il fit semblant de réfléchir et marmonna:
– Ce soir, je vais au théâtre et je rentre vers vingt trois heure, vingt trois heures trente… Alors disons vers minuit, si tu veux. Sinon, je te l’apporterai demain. C’est comme tu veux.
Sans se rendre compte qu’il tentait de la piéger, elle répondit:
– Minuit ? Heu.. Ok, d’accord. Elle fit mine de s’en aller, il la retint et lui chuchota « Bien sûr, ça reste entre nous ! » en lui faisant un clin d’œil qui la fit glousser.
« Je me demande ce que je possède vraiment. Je me demande ce qui subsistera de moi après ma mort. Notre vie est brève comme un incendie. Flammes que le passant oublie, cendres que le vent disperse : un homme a vécu. »
Omar Khayyâm
Sans titre
Il y a l’être qui tremble
comme une feuille sous le vent,
qui craint le froid ou la chaleur,
qui reste béat devant le beau
ou pleure la mort qui emporte
mais il y a derrière le regard
tant de spectacles et de scènes
qu’il s’en fait des chaînes
qui le retiennent face à la tentation,
celle de succomber à la crainte
de perdre le chemin de la lumière.
Il y a les nuits blanches qui s’accumulent
comme des livres lus, des maximes,
des proverbes et des poèmes
des chants de gloire et des cris
qui s’inscrivent sur l’épiderme
quand on a repoussé l’envie
de se laisser corrompre ou acheter.
Il y a cette âme que l’on met à l’abri
des victoires creuses et artificielles,
Comme la force du granite qui persiste
le vrai de l’homme est dans sa ténacité,
quand il refuse de s’incliner, fier
de ne vouloir être que ce qu’il est.
Le pont qui se fabrique pour paraître
reste fragile devant le fleuve qui gronde.
Toute la dignité, parfois, réside
dans le courage de dire non.
Non à se laisser faire sans résister
à fermer les yeux sur l’insulte ou l’offense
à regarder sa vie devenir paillasson
au seuil des fortunes indécentes.
Non au cœur qui se délecte, sans réagir,
quand l’indignité colore ses plaintes.
Instant de vie
j’entrai sur la pointe des pieds, je la vis, de dos, occupée à arranger sa vie comme un livre. Sa chevelure tombant sur les épaules, ce dos sublime qui raconte l’ivresse des longues caresses nocturnes. Elle était douce dans sa tranquillité discrète, dans son innocente beauté et si fine, quand elle marche quand elle bouge avec grâce.
J’étais là, perdu dans ma contemplation et comme prévenue par je ne sais quel ange invisible, exactement au moment où, en m’approchant, son parfum me grisa, elle se retourna et se figea. Les beaux yeux écarquillés, elle semblait ne pas croire ou comme dans un rêve, qu’elle allait se réveiller frissonnant au froid de mon absence. Nos yeux se fixèrent comme pour comprendre, comme pour réaliser que nous étions ensemble, l’un en face de l’autre et, avec une seule envie, se laisser aller dans les bras de l’autre, comme ces retrouvailles avec le soldat qui revient du front avec ce bonheur d’avoir échappé à la mort. Elle prit conscience que j’étais là et que c’était bien réel et fit mine d’avancer vers moi et chuchota:
– Toi ?
– oui, moi répondis-je, ouvrant mes bras, en avançant vers elle. Elle se jeta dans mes bras comme une naufragée s’accrochant à une planche de salut et me serra si fort que je ne pris conscience que de l’odeur de ses cheveux, grisant comme un subtil parfum de femme coquette et belle. Je la serrai dans mes bras et je l’entendis dire à mon cou: « Pourquoi ne m’as-tu pas prévenu que tu allais venir ? »
Ma main caressa son dos et de l’autre, je tins sa nuque en m’écartant pour mieux la voir, mieux la regarder et mieux admirer cette frimousse, si chère et si familière. Sa bouche entrouverte et ses lèvres frémissantes: mon visa pour la volupté quand je l’embrassai si fort que je la sentis faillir, presque perdre pied dans cette salle, témoin de nos retrouvailles. Nos lèvres se décollèrent, le temps d’un long moment pour nous voir et nous fixer puis se collèrent, de nouveau, avec une telle intensité qu’il me semblait qu’elle cherchait en moi, tout ce temps perdu sans elle.
Pendant plusieurs minutes, nous nous appartenions avec une telle certitude que je compris que s’aimer, ainsi, ne pouvait être qu’un rêve qui se réalisait, lentement mais sûrement. Elle était dans mes bras, après avoir hanté mes nuits. Elle était là, collée contre moi et qu’elle fut ma surprise de constater que cela allait au delà de tout ce que je pouvais imaginer dans mon lointain exil volontaire. Le silence de notre amour qui se consumait dans cette fusion des corps et des âmes n’avait d’égal que ma soif de vivre ce qui nous attend dans les heures qui viennent.
Elle s’écarta de moi pour mieux me regarder, je fis semblant de subir son regard alors qu’au fond de moi, elle est telle que je l’ai aimée, à la fois fine et féminine et sans attendre le verdict de son jugement, je mis ma main sur sa taille et l’entraînai vers le canapé pour y prendre place. Nos mains restèrent entremêlées et dans un geste d’infinie tendresse, elle posa sa tête sur mon épaule pour me murmurer: « Chéri, tu m’as manqué atrocement ! »
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