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– Mr Le procureur, votre avis sur l’affaire qui défraie la chronique
– Si la justice doit passer, elle passera. On ne peut pas dire aux citoyens qu’il y a une justice pour les uns et qu’il y a d’autres, au dessus de la justice.
– Cela veut-il dire que vous êtes pour les faibles contre les puissants ?
– Non ! Je suis pour le royaume comme un état de droit. Il n’y a, pour la justice, ni pauvres, ni riches et c’est même pour cela qu’on la représente, toujours, AVEUGLE !
Pauvre de toi, l’ami !
Tu l’as regardes et,
un peu comme si,
tu étais sur une île déserte
tellement elle t’accapare,
t’hypnotise et te submerge.
Tu voudrais devenir poète
pour lui inventer des histoires
qu’elle écoutera avec bonheur
quand le bonheur pour toi
est dans le dessin imaginaire
que tu fais de son corps.
Tu fabriques des instants
n’ayant jamais existé
juste pour elle, pour garder,
en toi et pour toi ce regard
qui brûle, à jamais,
ce masculin pluriel qui
faisait ta fierté et ton orgueil.
Tu n’es plus qu’un plan d’eau
où elle se contemple et s’admire
et c’est dans tes yeux qu’elle apprend
combien elle peut être sublime.
Sans elle, ta vie devient monotone
mais sans toi, elle devient commune
après avoir été jolie, belle sinon rare.
C’est ainsi que les cœurs se découvrent,
l’un meurtri par la beauté des formes,
la grâce des gestes et la douceur
du verbe dompté devenu simple,
l’autre ravagé par tant d’esprit
quand il faut des livres pour décrire
ce que le verbe aimer veut dire.
Dans son absence, ta solitude
devient un fleuve de douleur
et quand elle est près de toi
tu ne penses qu’à l’instant où
elle devra partir, encore et encore.
On aime trop, on aime mal
mais on aime à souffrir
pour vivre un instant,
comme la fin d’un mal
que l’on s’oblige à ne voir
qu’indispensable pour survivre.
Splendeurs et misères
Certains se plaisent dans le spectacle d’une rue désertée par ce qui, hier, étonnait l’étranger. Hier encore, le marocain était, en apparence, au dessus de ces détails qui, aujourd’hui, font le croyant. Il vivait comme ce cambrioleur qui en ouvrant la caisse trouva un Coran qu’il embrassa et l’écarta avant de s’emparer de l’argent. Il était comme ça, le marocain moyen. Sa foi était une affaire entre Dieu et lui et, personne ne pourra le juger car l’homme parfait n’existe pas. Il pouvait passer des heures au comptoir, bière après bière jusqu’à voir l’ange Gabriel et se mettre à discuter avec lui, sur le chemin du retour. En fait, comme un adolescent que les hormones perturbent, il apprenait à vivre sous le regard des anges avec cette certitude que Dieu était miséricordieux. Bon nombre d’ailleurs, au crépuscule de leur existence se transformaient en Omar Ibn Khattab avec prières ponctuelles et pèlerinage pour se laver de leurs péchés. La religion n’était pas un code militaire à appliquer à la lettre mais une lecture personnelle de la voix inaudible de Dieu. Le bien n’obéissait ni à l’interminable lexique écrit dans les cellules sombres d’El Azhar, ni aux délires préhistoriques d’un Taymiyya au sommet de sa démence. il était ce ressenti quand la main tendue vers l’orphelin à fait germer le sourire.
Au contraire des brigades de la foi qui grouillent dans l’obscurité des ignorances, personne ne jugeait personne et chaque chevreau sera suspendu par sa patte. Nous étions égaux devant Dieu et si les abonnés de la prière rencontraient ceux qui n’y croit que d’un œil, le commun s’échangeait contre l’érudit. C’était presque prétentieux que de se prétendre plus musulman que les autres, un crime de vanité qui pouvait être sanctionné d’exclusion. Aujourd’hui, ils sont tellement nombreux, les prétentieux et les vantards qu’on a l’impression que c’est le Maroc à l’envers.
La société, comme toutes les autres de par le monde était stratifiée. Il y avait les « 3roubis » (du terme arabe) qui signifiait blédard, ignorant ou en retard. Le « Mdini » (De Medina) ou citadin, moderne et instruit. Le « Chel7 » ou amazigh, généralement digne de confiance car ils ne savaient pas tricher. « L’Ihoudi » ou juif dont on appréciait la cuisine et ces fêtes où se distribuait ce pain azim ou un pain que les Juifs font cuire durant la fête de Pessa’h (Pâque juive) en souvenir de leurs ancêtres qui selon la tradition juive, se nourrirent de pain sans levain dans leur hâte à quitter l’Égypte, où ils étaient retenus en esclavage. Les « N’sara » avec leur sérieux et conscience professionnelle et leur savoir vivre. C’était cela le Maroc de mon père et mon grand père. Un peuple si uni que même colonisé, il continuait à vivre en s’adaptant à l’étranger. Loin d’être revanchard, sa patience légendaire a fait que pendant la moitié d’un siècle, s’il a été exploité, n’a pas cessé d’apprendre. Ce mélange de cultures ont donné jour à un citoyen si enraciné dans sa terre que rien ni personne ne pourront l’en éloigner.
Dans n’importe quel pays du Monde, des marocains se sont installés et aucune région ne leur a pas été inaccessible. la preuve s’il en est que leur génie est si prompt qu’aune doctrine ne pourra les enfermer dans un moule quelconque.
Imagine !
« Laissez, laissez mon cœur s’enivrer d’un mensonge,
Plonger dans vos beaux yeux comme dans un beau songe,
Et sommeiller longtemps à l’ombre de vos cils. *
Beaudelaire
Ronde comme une poire qui étouffe de son jus trop doux, alerte comme une gazelle qui surveille les alentours, elle se meut en comptant le nombre de regards que sa croupe détourne et comme si de rien n’était, elle s’offre le coup de grâce, le coup de rein fatal qui terrasse la raison et réveille l’inconscience. Elle passe, souveraine dans sa tête trop étroite pour les rêves qui y séjournent et reste attentive à l’œil qui la déshabille, par dessus le journal qui lui sert de prétexte. Elle semble sentir mille caresses invisibles, de l’épaule en virgule dans ce langage du corps qu’elle imprime avec aisance au téton qui durcit comme un signal, elle exagère la déhanche pour mieux tracer la courbe qui rassure. Le bruit de ses pas, comme percussion, ses cheveux chantent le vent et la poussière de cette rue qui lui sert de théâtre. Elle se prépare à piquer le silence du vieillard qui redevient jeune, quand elle arrive, quand elle passe et quand elle s’éloigne. Intermède magique qui réveille sa nostalgie des temps perdus à dessiner les contours des femmes qu’il aurait pu approcher. Dans sa vieille carcasse toute en os fragiles, la bête fatiguée lève la tête, ouvre grands les yeux et mouille les lèvres devenues sèches avec ce qui lui reste de salive comme pour s’imaginer le goût de l’épiderme qui passe, moulé comme des melons qui tremblent devant la lame fine du temps qui le retient. Elle lui jette un regard comme on jette un peu de rêve et l’instant d’un vertige, il la croit sienne, elle se sent désirée et offerte aux mains calleuse qui tremblent de désir. Le rideau tombe, elle s’en détourne et reprend sa marche en quête de la prochaine victime. Elle sent encore le regard gluant du fantôme qu’elle vient de perdre et tout son corps s’imagine entre les mains calleuses qui veulent l’imprimer en souvenirs pour les instants à venir. Elle frissonne en silence et continue son chemin.
Au coin de la rue, soudain, son cœur se trompe de rythme quand elle reconnaît la silhouette du bel homme qui vient parfois, en rêve, la rejoindre sous la douche. Elle passe ses doigts dans ses cheveux, suit le col de sa chemise et continue vers le bouton qu’elle libère. L’air s’engouffre dans l’échancrure et ressort brûlant comme une lame encore rouge. Elle le voit discuter avec une ombre et comme pour attirer son attention, elle fait parler le trottoir sous ses talons en métronome imaginaire. L’effet est immédiat. Les tempes grisonnantes se retournent, le regard l’accueille comme une joie toujours nouvelle, le sourire s’esquisse en douceur. Il s’impatiente quand elle fait semblant de vouloir changer de trottoir et fait semblant de ne pas croire qu’elle pourrait partir sans rien lui dire. Comme pour vérifier que personne ne la regarde, elle cherche le chemin le plus court pour aller chez elle mais continue à avancer en espérant qu’il la trouve toujours belle. Il salue son interlocuteur et fait semblant de partir en choisissant d’aller vers elle, d’abord avec désinvolture puis doucement, il sent son ventre se serrer de désir.
Elle était en lui pareille à la pensée coupable que l’on retient, il était en elle, comme un fantasme qu’on alimente d’espoirs. Il va vers elle, elle ralentit jusqu’à s’arrêter pour le voir venir. réflexe féminin ou ruse de femme, elle s’arrêta pour le voir se dépêcher vers elle. Courtois et prudent, il ne tendit sa main que quand elle le regarda dans les yeux pour lui dire qu’elle sait tout du plaisir qu’elle lui fait en la voyant venir.
Il avait l’âge de son père, elle avait l’age de sa fille, pourtant, au fond de leur corps suspendus, ils étaient d’accord pour se dire que la nature a des appels auxquels rien ne résiste, ni la raison qui dicte les maximes, ni la conscience qui découpe les desseins, ni même les regards du public qui s’interroge sur la relation qui lie le vieil homme à la fille devenue femme. Elle savait pourtant que le futur avec lui était né mort, il savait aussi qu’il ne pouvait, lui aussi se refaire jeune pour elle et pourtant, ils étaient d’accord pour aller au bout, lui du désir qu’il avait d’elle et elle du plaisir qu’il savait lui donner. Coupable consentement mutuel qui pourtant, ne fait de mal à personne. Elle, aux portes de sa vie de femme, s’ouvrait avec volupté à l’expérience nouvelle que son corps attendait. Lui, au crépuscule de sa vie, enterre les peines d’une vie passée à se vouloir conforme à l’image que les autres ont choisi pour lui. Il réveillait les fibres qu’elle ignorait encore en elle, elle pansait ses blessures de mâle parfois incompris et souvent déçu.
Ce qu’ils se dirent était banal comme pour couvrir la promesse qu’ils se firent en murmure. Il l’attendrait, demain, dans ce nid qu’il avait bâti pour elle, elle viendrait tard peut être mais elle viendrait certaine de ne pas pouvoir résister à l’envie de se sentir femme ! Ils se quittèrent en inconnus pourtant très proches avec pour seule pensée, un rêve commun à consommer le lendemain.