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Le nouveau théâtre
L ‘ Acte I – Scène première
Mon pays ne sera pas bradé
à une brigade venue d’ailleurs
il a pour lui des siècles de culture
et si aujourd’hui, il s’habille afghan
il a joué hippie, à Imessouan,
avec Hendrix,
il a frôlé la mort avec Agadir qui tremblait
Il a cultivé l’intelligence des envahisseurs
pliant comme le roseau qui défie le vent.
Applaudis au milieu du souk hebdomadaire
ils se sont crus cavaliers d’Okba
apportant les splendeurs de l’orient
Entre le thé brûlant et le beignet
Il les a regardé tenir les discours
des peuples pour qui la justice
ne regarde ni le visage, ni le portefeuille.
Comme le conteur au milieu du cercle
de regards pauvres et avides de mystères
Ils ont joué Hamlett dans la langue
qui sert de couleur au journal télévisé.
il ne savait pas que derrière la poussière
il y avait l’urne béante qu’il faut remplir
pour avoir droit à l’épisode suivant.
La scène finale avant que le rideau
ne tombe comme un masque trompeur
Quand le plus barbu montra la porte
par laquelle entrent ceux qui votent
pour le nouveau dieu qu’il importe.
« Voyons voir » dit Ahmed al attar
on a rien gagné avec les autres
on ne perdra rien avec ceux-là.
Au moins le discours sonne juste
et nous sommes un peuple fier
dont la culture est surtout verbale.
Il est humain de rêver au paradis
il est normal de croire ceux qui,
sans y être allé, savent bien le décrire,
Trompé comme une vierge qui rêve
aux étoiles utilisées comme rubis
sur le diadème de la mariée heureuse
Il a cru à leurs paroles d’espoir
Il a attendu que se termine la rengaine
des années passèrent, le ciel resta noir
Pire encore, quand il faut payer plus cher
pour un paradis qui tarde à l’accueillir.
Aujourd’hui, le pays s’ébouriffe
pour chasser l’intrus manipulateur
et si leurs disciples portent le voile
en Iran, les femmes arrachent le leur
bravant la colère des gardiens.
La liberté est une nature qui finit
toujours par se révolter, un soir.
Tu me diras
Des mots et des images comme pour fabriquer un conte. On y verra la grâce derrière le verbe qui dessine pour elle sa douleur et on se rappellera que derrière le dogme qui la réduit à la fonction qu’elle assume avec abnégation, il y a des esprits qui souffrent de ne pouvoir la comprendre.
Le point du jour
Comme une voix lointaine qui murmure à ma solitude, la pensée m’arrive, doucement d’abord puis submerge l’attente de ce qu’on ne prévoit pas de faire. Elle vient mourir à mes pieds et dans sa brève agonie, l’image se dessine, la scène se métamorphose et le spectacle prend vie.
Parfois, c’est un soleil fatigué qui s’en va brûler ma perspective et annoncer la nuit comme un nouvel épisode de ces mille et une nuits qui composent mes exils volontaires. Parfois, c’est le galbe d’une hanche qui a troublé ma concentration et emmené avec elle, mon regard avide d’histoires, à la fois voluptueuses et sensuelles. Des fois, c’est un enfant qui se bat avec l’indifférence d’une mère trop occupée devant l’abreuvoir que les commères entretiennent.
Chaque fois, mon esprit s’arrache à son quotidien déjà trop lourd, pour suivre les pensées vicieuses de l’homme, plusieurs fois père, qui lisse sa moustache en suivant du regard, la croupe qui danse sur le trottoir. Comment ne pas s’étonner quand le regard féminin s’obstine à lire sur mon passage le mystère de ma capacité à ne pas rester normal ?
Comment ne pas remercier le ciel quand mon regard se pose sur le salut discret de ces êtres qui comprennent ma liberté à rester moi-même quand tous, autour de moi, se déguisent pour paraître et disparaître sans commentaire sur leur existence empruntée ?
Je hais l’ingérence inutile quand l’ombre devient un voisin avec des droits sur ma présence, exigeant le salut hypocrite qui ne veut rien dire.
Je hais le sourire familier qui tient à tisser un passé sur le fait que nous sommes citoyens de la même ville.
Je hais l’arrogance de ceux qui vont et reviennent avec pour seul occupation, une prière collective. Leur menton, bien au dessus des épaules comme si Dieu leur avait exaucé l’espoir d’être un jour au milieu des vierges du paradis. Que restera-t-il de leur passage quand l’aube s’endormira pour toujours, sur leurs paupières fanées comme des coquelicots sans étamines.
Je hais l’attitude, faussement altière, des voiles qui cachent les traits d’un visage aux rayons du soleil.
Je hais l’amertume que dégage la présence des êtres qui ne vivent que pour mériter un regard au rabais, un salut obligatoire et un dialogue sans importance.
Pourquoi me faut-il supporter les niaiseries d’une commune frileuse qui se veut forte par la médiocrité des automatismes, la lenteur des pas qu’on s’accorde pour être vu, par le regard qui cherche la reconnaissance quand rien ne vient de l’intérieur ?
Faut-il vivre ainsi, entouré de spectres qui vivent par habitude ? Cruel destin des âmes qui se veulent libres quand elles naissent dans le giron des esclavages déguisés. Futile existence quand rien, dans le matin des jours, ne vient étonner la curiosité, bouleverser les habitudes ou simplement dessiner en couleurs, les rêves échafaudés en silence, dans l’intimité des nuits qui s’enfilent comme des perles nouvelles et brillantes !