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L’ai-je aimée ?
Elle qui, comme une fleur
a parfumé l’odeur de mon quotidien ?
L’ai-je méritée,
avec cet amour maladroit
que je prodigue à ses regards ?
L’ai-je rassurée
quand dans ses baisers
je sentais ses angoisses de femme
vivant sur une terre masculine ?
Lui ai-je donné la force
de vivre sa liberté
sans craindre le doigt
qui la désigne coupable ?
Coupable femme
sans vraiment rien faire !
Sent-elle ma joie
à la voir heureuse
quand elle respire à mes côtés ?
Nous roulons, imperturbables,
avec la virilité pour carapace
mais derrière, un fil fin et fragile
soutient notre arrogance.
Sait-on que les souffles
qui se mélangent avec chaleur
brulent le doute qui nait
quand l’amour a froid ?
Sait-on, surtout,
que la vie à deux, partagée,
est un délicieux rêve sans nuages ?
Je laisse sur sa paume
chaque jour, chaque soir
un peu de ma fierté d’homme.
Je retrouve, entre ses mains,
l’image d’un être heureux
d’être aimé et d’aimer
avec les mêmes mots
avec les mêmes joies
avec les mêmes douleurs !
Savent-ils ce que nous pouvons vivre
quand rien ne vient diluer nos baisers ?
Se rendent-ils compte
que c’est ensemble qu’on fabrique,
les destins qu’on appelle paradis ?
Snapshot
Au bord de l’eau
Le Mont Saint Michel
Bruxelles
Parlez-moi d’amour
Dans ces temps modernes, on a catalogué des impressions, des situations et des états d’âme car tout se vend et s’achète empaqueté, près à être utilisé. Les grandes histoires d’amour sont rares, peut être vieux jeu et pourtant, quand dans mon enfance je regardais mes grands parents, eux qui ne se sont connus qu’à leur nuit de noce, ce n’était pas de l’amour à la manière du magazine « Paris-match » où tout est sourire béat. Quand mon grand père arrivait, c’était sa chienne qui l’annonçait et dès qu’elle apparaissait, on éteignait la radio et toute la gente féminine entrait dans les chambres sauf ma grand mère qui l’accueillait. Assis quelque part à jouer, je regardais leur manège. Lui tendant le couffin et elle le prenant en écoutant. Il y avait toujours des invités au déjeuner. Aucun geste qui dénoncerait leur complicité mais dans leurs regards, que de respect et de reconnaissance. Lui, pour ce qu’elle savait faire pour le rendre fier auprès de ses convives et elle, heureuse d’être celle par qui tout passe dans leur grande demeure. Je le suivais du regard, dans son grand burnous quand il entrait dans ce grand salon, si long qu’une partie au fond était leur chambre à coucher. Ce lieu était si respecté que personne n’y mettait les pieds sans la présence de la maîtresse des lieux. Ma grand mère avait ce rituel, si bien réglé que je savais qu’elle allait apparaître, sortant de sa cuisine, le plateau de thé en argent qu’elle destinait à son homme. Elle le rejoignait et fermait derrière elle, la grande porte à deux battants. Ils ne devaient pas parler d’amour et de sacrifices obligatoires, ils vivaient l’amour à se concerter et à trouver la meilleure manière de le vivre.
De l’amour, tel que nous le connaissons aujourd’hui, point ! Ni lettres majuscules, ni envolée lyrique, ni gestes démonstratif pour montrer que l’on s’aime. L’amour, chez ces gens là, c’était une manière de vivre, un processus dicté par la raison et la conscience avec chacun son domaine. Se disaient-il je t’aime ? Nul ne peut le confirmer mais, juste à les regarder vivre, l’amour était là. Sans artifices, sans éclats ni fioritures. Ils n’avaient ni besoin de le chanter sur les toits, encore moins en parler ou le fêter. La tendresse qu’ils se nourrissaient n’était pas innée mais le fruit d’une longue marche à deux, avant que viennent les enfants et leurs soucis, ils se sont d’abord adaptés et appris à vivre ensemble au point que ce qu’ils vivaient était ce que nous nous acharnons à nommer amour.
Alors venir parler d’une journée de l’amour, c’est hautement réducteur au point de penser que cette pratique, si elle est, pour certains, une occasion de faire la fête à deux ou à plusieurs, elle reste comme une piètre illustration de cette manière de penser, de concevoir et de vivre la vie à deux. L’amour, c’est vingt quatre heures sur vingt quatre et sept jours sur sept. Il n’y ni interruptions, ni même un instant pour se gratter derrière l’oreille.
La fête
Il est arrivé,
le jour du souvenir
l’occasion pour chanter et dire
qu’elle est reine sans trône
mais tous les trônes lui appartiennent
De l’odeur laissée sur la poussière
par l’ombre de ses pas fragiles
Aux volutes de jasmin
que sa crinière brasse
pour nous éblouir.
Elle marche,
Fière comme une insulte à la bêtise
comme un destin insaisissable
comme une ondée venue d’ailleurs
comme une orchidée
comme une rose, pétales de velours
Épine vigilante à l’ombre de sa douceur !
Aujourd’hui, je chante la mère
qui souffrait les morsures du froid
pour réchauffer mes angoisses d’enfant.
Je chante la femme, épouse ou sœur
qui apportent à la vie, un peu de beauté
beaucoup de présence
et pas mal de rêves.
Aujourd’hui,
ma joue sur la chaleur de son sein
tremble pour son avenir
Je regarde venir
l’insulte sauvage
pour s’abattre sur ses frêles épaules
comme une atteinte à sa dignité.
Sentinelle des libertés
j’aimerai me battre pour la voir sourire
quand elle passe comme une colombe
caressée par les regards
comme une peinture
comme un chef d’œuvre..
Aujourd’hui et chaque jour
Elle est nôtre
comme un héritage, comme un cadeau
comme une joie à nulle autre pareille.
Aujourd’hui, encore
imaginons ce que serait le monde
si Dieu ne l’avait pas inventée ?
Que serait la vie sans lutte,
sans bataille,
pour mériter un peu
de son regard ?
C’est le plaisir de lui plaire
Qui rend enivrantes nos matins !
Le paradis, dit-on, se trouve
sous la plante douce de ses pieds
Et pourtant ceux qui croient à l’enfer
piétinent, avec insolence,
son droit d’être femme !
C’est grâce à la passion
Que pour moi,
elle devient belle !
Pourquoi
Comment ai-je fais
pour lui voler le premier baiser ?
Qu’ai-je tenté pour faire naître
dans son regard, l’image du bonheur ?
Qu’est-il arrivé
pour qu’elle découvre
en moi, l’homme de sa vie ?
Quel mot ai-je murmuré
pour qu’elle vacille, titube
et tombe, de moi, amoureuse ?
Comment ai-je pu entrer,
doucement, dans ses rêves
sans bousculer son sommeil ?
Je n’ai, pourtant, rien fais
pour la convaincre de m’aimer
mais quand je vois sa démarche,
devenir, pour moi, une invitation
je comprends qu’elle ne se sent belle
que quand c’est moi qui la regarde.
Souvent je me demande:
m’aurait-elle aimé si j’étais un autre ?
Quand elle me voit arriver
c’est le frémissement des cils
ou le relâchement des lèvres
qui donnent à la réponse
des couleurs de vérité !
C’est pour moi qu’elle se réveille
quand, en ouvrant les yeux,
je découvre son beau sourire,
plus vrai que la lumière de l’aube.
Quand je la vois arriver ou partir,
je sens en elle, le plaisir d’être femme.
Quand je la vois dormir
je comprends la chance
qu’elle a d’être belle !
Chaque soir, alors, je me demande
Pourquoi elle et pourquoi moi ?
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