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Héritage
Comme un nœud dans le ventre,
comme une épine dans la gorge,
comme une insulte imméritée,
Une sourde colère pour, me punir
d’avoir été normal, humain et serviable.,
torturer ma bienveillance mal distribuée…
Je me vois quémander la douceur
sur un épiderme sous lequel circule
de vils calculs et de fourbes desseins
jusqu’à me dégoutter de moi-même
et aller vers le précipice où meurent
les destins trahis, les promesses oubliées.
La haine guette ma impatience
quand je me sais incapable de haïr
celle que j’ai, véritablement, aimée.
Je ne veux pas mourir avec le gout âcre
des trahisons et des traîtrises poltronnes.
Je suis incapable de comprendre
comment fait-on pour dire je t’aime
et oublier, la seconde suivante,
ce que cela veut dire et signifier ?
comment fait pour ne pas savoir
que le feu des baisers brûle les lèvres et
laisse sur la langue de senteurs inoubliables ?
De quel minéral est fait ce cœur qui,
dans son vacarme, ne sait pas pour qui,
jusqu’à la mort, il va battre ?
A quoi sert la magie du regard qui,
un jour, me dessina le plus bel des horizons,
s’il oublie d’aller voir les fleurs qui ont poussé
dans le sillage de mon obstination à lui céder ?
Sait-elle, aujourd’hui, que les années passées
sont un barrage à la douceur des intentions
dont je resterai, à jamais, l’unique propriétaire ?
J’ai pour héritage son plus beau baiser
et rien, ni personne n’aura le privilège
D’en décrire la brûlure et la douceur !
Attentif
A la fleur qui tremble
dans le froid du crépuscule,
Au regard qui dessine des arabesques
sur l’épiderme qui s’offre
Aux lèvres mouillées qui deviennent,
pour le baiser, une promesse
A cette frénésie qui s’empare
des cœurs qui se savent aimés
A la tempête qui traverse les corps
abandonnés à l’amour véritable
Au bruit des pas qui annonce
le retour des voluptés familières
A l’odeur d’un corps,
subtil parfum de paradis imaginaire
Au son de la voix qui parle
aux fibres paresseuses et profondes
Aux brûlures des contacts
qui ravagent les équilibres
Comment pourrai-je, alors,voir
la noirceur qui précède la bêtise
ou devenir sensible à la haine
déguisée en volutes inodores ?
Mon âme s’habitue à la grâce
des êtres qui savent être
et mon cœur se ferme
quand la musique devient bruit
ou que la lumière devienne obscurité,
occultant les plaintes et les douleurs:
celles des enfants en quête du sein salvateur,
celle des femmes qui veulent n’être qu’aimées
ou celle des hommes, aux pieds, des destins communs.
Je hais l’arrogance des cervelles qui s’amplifient pour le futile
et oublient de grandir et s’élever, habituées au sol…
Demain, comme hier,
mon destin est sentier modeste
écorchant mes pieds,
j’avance avec douleur
au milieu des cris
de hyènes et de loups
Ma liberté fait peur à la leur…
J’avance vers cette lueur
qui inonde de lumière
l’horizon des hommes qui,
à personne, ne veulent rien devoir.
Je brutaliserai le verbe
pour l’extraire des ambiances malades
et lui soufflerai le ton des mots purs et sauvages
Ma vie est à moi, à la couleur des envies
Apprivoisée et docile,
elle me sert pour courir ou marcher
derrière ces hommes,
défuntes et pauvres dépouilles
mortes à jamais mais mortes libres !
Une nuit
Dirai-je un après midi
quand le désir devint double
l’envie s’empara des convenances
et sur un baiser posé sur le cou
ce qui arriva était immense
à supporter par un seul esprit.
les corps s’attirent et se cherchent
se séparent et se rencontrent.
Le baiser devient une flamme
qui dévaste les consciences.
les doigts, dans la pénombre
dansent et se mêlent
comme des « je t’aime »
chuchotés en silence.
Il se laissa prendre au jeu
si naturellement qu’elle trouva normale
cette douce complicité, partagée
comme une pomme mordue,
saveur échangée, le temps oublié.
il l’a reçue comme une reconnaissance
elle s’offrit comme une récompense.
le temps d’une marrée montante,
Ressacs de vagues intenses
douleur de plaisir dans les flancs
qui s’unissaient avec envie.
Il était elle, elle était lui
toujours plus belle, plus généreuse
quand c’est à lui, qu’elle parlait.
Ils savaient que leurs destins
n’étaient pas semblables.
Elle, destinée à plus d’honneur
lui se contentant de vivre.
Ils s’aimaient pourtant avec joie,
ils se comprenaient à demi mots
ils savaient que la vie pour eux
serait trop longue à supporter
Tout le plaisir véritable était
dans le peu de temps qu’ils passaient
à se parler avec, dans chaque regard,
tant de désir et dans la tête,
tant de rêves et pourtant…
ils étaient libres de s’aimer un instant,
intensément, sans retenue,
pour se quitter sans rancune.
Paco de Lucia
Carnets de voyage
Ida Ougnidif
On m’a dit, un jour, que le poète est un arbre avec des branches qui fleurissent encore même quand son tronc est creux à l’intérieur, il meurt doucement en faisant de l’ombre pour ceux qui se reposent sous son feuillage. Un peu comme si la météo pouvait lui dicter l’humeur à adopter, il peut être heureux et semer la joie avec des mots brillants de bonheur, comme il peut dessiner des larmes sur les pages oubliées d’un cahier d’écolier….
Indignité majeure
Le baiser était froid
l’amour engourdi,
triste regard
sur ce qui aurait pu être
un volcan dévastateur.
Je ne meurs pas,
je mets mon cœur au repos.
Le désir devient inutile,
l’envie au placard
à côté des cadavres
de poèmes non lus.
J’ai vu des titres se consumer
sur mes feuilles d’écolier,
j’ai senti l’odeur des billets
dans l’admiration calculée.
Triste besogne, sordide pensée
devant le festin de sentiments
offert sans rien en retour.
La croupe devient lourde
et la démarche commune,
quand l’œil est absent.
Ma tristesse est contagieuse,
ma peine trop profonde
pour la décrire avec des mots.
Comme les quatre saisons d’un an
Morose automne et hivers froid
printemps radieux et été flamboyant,
mon âme se vide lentement
du pollen des regards,
du parfum des baisers,
de la fougue des nuits trop courtes,
et de la folie des promesses.
Trop grand pour ne pas croire
que l’amour est un destin:
Mais, qui mérite encore
que je m’incline à ses pieds
pour recevoir mes élans ?
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