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Il est, des fois, des batailles que personne ne peut remporter quand, pour les terrasser, il faut accélérer le temps, même quand toutes les volontés sont disponibles. Quand nous nous penchons sur les cas de pays, longtemps, pris en otage, les uns, au nom d’une guerre de libération, d’autres, au nom d’un statu quo aux allures de destin dicté par Dieu, lui-même.
On ne peut rien quand l’école, pour ceux qui dirigent, est un foyer de subversion où les esprits se réveillent et l’individu devient conscient de ses droits et de ses libertés. On ne peut rien, non plus, quand le système pour assurer sa sérénité, a soudoyé des consciences, corrompu des foules pour en faire une armée et, s’installant sur ce régime tentaculaire, il s’est mis à se dessiner des destins, à lui seul, profitables. Enfin, on ne peut rien quand, au milieu de bêlements d’individus devenus moutons, la voix qui dénonce est noyée, voir inaudible même pour le seuil du voisin. Alors, les épaules vous tombent, le dos se voûte et l’espoir s’amenuise jusqu’à disparaître et, doucement, vous vous repliez sur vous même avec cette abominable conviction que, finalement, mieux loti que la plupart, cette médiocrité de destin ne vous concerne pas. Vous ne souffrez pas, dans votre peau mais dans le fond de votre cœur, vous n’avez qu’un léger pincement quand vous regardez l’injustice dans le spectacle du vieux bougre qui pose ses lèvres sur la main de celui que le pouvoir a désigné.
La bataille n’est pas seulement contre le goujat qui a spolié la citoyenneté aux autres mais contre les spoliés, eux-mêmes qui se sont fait une raison, celle d’attendre que la clameur qui s’échappe des mosquées, atteigne le ciel et, par je ne sais quel miracle, la paix, la justice et l’égalité s’installeront sur le sol aride où seule pousse l’ignorance !
Vous rentrez chez vous. Vous tirez les rideaux et vous vous enfermez dans cette solitude qui, petit à petit, transforme votre altruisme en cupide égoïsme. Votre page sur le réseau social devient le carrefour où se rencontrent les rescapés de la misère intellectuelle. Docilement, presque bestialement, vous vous alignez sur la ligne de ceux qui, avant vous, avaient compris, qu’il n’y a aucun espoir. Nés dans l’inégalité des chances et des destins, vous n’avez que le choix de vous enraciner dans la servitude ou partir vivre, ailleurs, ce que vous ne pourrez jamais vivre ici.
Le spectacle actuel du paysage est une scène qui s’arrange pour ressembler à ce qui, ailleurs, est une réalité. On a des politiciens qui font semblant de déplacer des foules, des journalistes qui font semblant d’informer en regardant la dernière saison de « Games of thrones », des syndicalistes qui roulent en limousine et on a même des islamistes qui chantent la gloire de Omar en comptant les billets bleus.
En somme, au final, on nous a formatés pour faire semblant de vivre !
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Quelle est cette impression qui dort au fond de vous et qui vous fait croire que, quoi qu’il arrive, vous en sortirez indemne ? A bien réfléchir, c’est l’expression de votre stricte respect de ce auquel vous avez droit. La citoyenneté l’exige pour pouvoir distribuer à tous, les mêmes droits et exiger, de chacun, les mêmes devoirs.C’est le principe même de l’égalité. Sans ce principe, la société périclite et se transforme en jungle où seul compte la loi des plus puissants. La puissance peut venir de l’argent, de la force militaire ou de l’imposture religieuse. Ces sources peuvent agir indépendamment l’une de l’autre mais dans la plupart des cas, elles interagissent de manière à ce que chacune préserve ses intérêts. De Pinochet à Khomeini, quand la citoyenneté est gommée, la dictature s’installe. Au chili, elle est militaire, en Iran, elle est religieuse. Dans une dictature, toutes les lois vont dans un sens unique, celui du pouvoir mis en place, la plupart du temps, à la suite d’un coup d’état ou d’une élection truquée. Le droit, dans ces dictatures, n’est pas respecté, il est aux mains de la junte militaire ou des ayatollahs. Sous la pression internationale, ils installent un semblant de démocratie où les valeurs de liberté, d’égalité et de justice sont à la tête du client. L’argent, la force militaire et l’escroquerie religieuse s’allient pour consolider ce pacte du diable qui ignore et écrase le citoyen. En dictature, le but n’est pas d’arriver au pouvoir mais de le garder. Au parlement, on s’achète une majorité, au gouvernement, on construit des alliances économiques. A la justice, on place les magistrats véreux au sommet. Aucun procès n’échappe à leur contrôle et aucune menace n’est à l’abri d’un simulacre de procès pour être réduite au silence. Le pays devient un grand ranch où les propriétaires exploitent des ouvriers sans aucun respect pour leurs droits. On dépêche dans leurs dortoirs, des religieux chargés d’expliquer la volonté divine qui veut qu’il y ait des maîtres et des serviteurs. La misère devient un test quotidien de leur foi avec la promesse d’une récompense dans l’au delà. L’école comme l’hôpital, sont amputés de l’essentiel. Des ouvriers instruits et en bonne santé sont la hantise du pouvoir.
Jusqu’à quand ? me dira-t-on. Jusqu’à l’installation de groupes puissants capables de constituer une oligarchie qui dirigerait, en sous main, le pays. Le citoyen est, alors, un locataire sur la terre de ses ancêtres.