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Déviance
Il y a des êtres qui sortent à la vie, handicapés par des illusions bâties autour d’eux comme des certitudes et, au lieu de s’en débarrasser ou d’en extraire le meilleur, ils s’enlisent dans ce que la vie a de plus illusoire. Ils passent leur existence avec, derrière leur lobe frontal, dans une mésintelligence qui, d’échec en échec, fait d’eux des désaxés en perpétuel déséquilibre instable. Leur fougue à croire que le monde a été fabriqué autour d’eux, fait qu’ils se pressent, fébriles, pour faire la queue et s’admirer sur le plan d’eau où Narcisse s’est révélé. Éternelle course, pourtant infructueuse, derrière le mirage de leur vouloir être, devenu obsession dévorante et destructrice. Ils ne perdent pas, seulement, leur temps à courir derrière leur démon, ils éclaboussent leur entourage, qui d’un mensonge effronté, qui d’un cynisme intolérable…
Il n’y a d’autre solution que d’éviter de leur accorder une quelconque empathie; comme le charbon, s’ils ne vous brûlent, ils vous noircissent. S’il vous arrive de croire qu’ils peuvent s’améliorer, l’once d’intérêt que vous pouvez leur accorder, conforte leur certitude à être des êtres exceptionnels. C’est là où Freud avait distillé des tendances sexuelles car comme chacun sait, les parents sont responsables de l’équilibre de leurs enfants et, pour peu que le père favorise la fille ou la mère, le fils, Œdipe s’installe confortablement à proximité de l’hypothalamus pour s’étourdir aux odeurs de l’inceste non consommé.
C’est dans le subconscient qu’il faudra, alors, aller dénicher ces tendances déviantes et essayer, sur le canapé du psy, d’en extraire les causes et les conséquences. Autrement, c’est un enfer qui s’installe quand ce que je veux être s’efforce, en vain, à coïncider avec ce que je suis. Un déchirement inconscient et destructeur tant pour l’individu que son entourage.
Citoyen d’abord
Je comprends cette « haine » qui s’installe tant vis à vis de ceux qui veulent régenter la vie des autres que celle vis à vis de ceux qui refuse d’être régentés et pourtant,
Il suffit de redescendre sur le plancher des vaches pour comprendre que toutes les lois, divines ou humaines, n’existent que parce nous voulons vivre ensemble dans le respect et la paix. Sinon, je serais contraint d’enfreindre toutes les lois qui agressent ma liberté et si pour m’imposer une loi qui porte atteinte à mes libertés, ils se mettent à plusieurs, comme ces milices autoproclamées, la raison veut que je me défende, soit en formant, moi-même des milices pour protéger nos libertés, soit que je m’achète des armes pour me défendre. Ce cas de figure suppose que je ne vis plus dans un état organisé ou qu’un autre état s’est installé à l’intérieur de l’état.
Si à chaque fois que nous adoptons une vision, on se donne le droit de combattre la vision des autres, nous tomberons dans le chaos. Cette manière de déformer la citoyenneté pour la rendre conforme à ma vision suppose l’inexistence de la notion même de citoyen. J’agresserai mon voisin parce qu’il porte un costume rouge simplement parce que je n’aime pas le rouge !
Le fléau que les islamistes, arrivés au pouvoir, à l’ombre du 20 février, ont instillé suppose que l’article 3, à lui seul, est la constitution. « L’Islam est la religion de l’état »
Un article, à la fois clair et machiavélique. Il est clair car une partie de notre identité plurielle s’est convertie à l’Islam et machiavélique car cela suppose qu’il faut penser islam d’abord avant d’aborder les autres pans des libertés et droits. Dans cette vision machiavélique, des individus comme les chefs de fil du parti islamiste et consorts (Cela va des compagnons aux mouvements et nébuleuses islamistes), tentent d’écrire en lettre minuscules, à peine visible, la deuxième partie du même article « L’état marocain garantit la liberté de conscience. Quand ils amputent l’article 3 de sa seconde partie, ils instaurent insidieusement la « Charia » et le font comprendre. C’est ce qui se confirme dans ces actes d’agression à l’égard des femmes en bikini sur les plages dont le corps est partiellement dénudé. Ces individus, quand ils parlent de démocratie, ne retiennent que l’outil qui la sert: les urnes et tout ce qui vient après, tombe, de facto, dans les règles de la Charia.
A force de marteler les esprits avec les vocable Allah, le Paradis, l’enfer etc.. Ils sont, sur le point de, réussir à installer un état islamique dans l’état marocain tel qu’il est décrit, énoncé et précisé dans la constitution.
Dans le préambule de la constitution, il est, pourtant, bien écrit que l’état réaffirme ce qui suit et s’y engage ::
– Protéger et promouvoir les dispositifs des droits de l’Homme et du droit international humanitaire et contribuer à leur développement dans leur indivisibilité et leur universalité !
– Bannir et combattre toute discrimination à l’encontre de quiconque, en raison du sexe, de la couleur, des croyances, de la culture, de l’origine sociale ou régionale, de la langue, de l’handicap ou de quelque circonstance personnelle que ce soit,
– Accorder aux conventions internationales dûment ratifiées par lui, dans le cadre des dispositions de la Constitution et des lois du Royaume, dans le respect de son identité nationale immuable, et dès la publication de ces conventions, la primauté sur le droit interne du pays, et harmoniser en conséquence les dispositions pertinentes de sa législation nationale.
Ce que les islamistes veulent passer sous silence, ce sont, à la fois, les droits humains et leur universalité pour les remplacer par leur interprétation de la religion telle qu’elle les arrange. En ne tenant compte que cette notion de religion de l’état, ils en font l’outil principal pour d’une part, manipuler des citoyens ignorants et analphabètes et d’autre part, apparaître comme les champions de la religiosité. Leur discours est d’autant plus efficace, qu’avec une école laissée à l’abandon, certains s’investissent de pouvoirs imaginaires, conformes à la vision qui s’installe et qui veut que la religion dirige tous les rouages du vivre ensemble.
A cause de l’école infiltrée, avec un pouvoir qui se veut d’un caractère divin et avec un grand taux d’analphabétisme, le champ est propice pour distiller leurs idées, convaincre et faire reculer la société au temps des tribus dirigées par un marabout et ne concédant aucun droit à la critique de son pouvoir.
Il faut simplement se reprendre et ne point douter que si nous sommes marocains, ce n’est grâce à Allah, ni au Coran, ni aux hadiths mais bien parce que nous avons voté une constitution dans laquelle nous avons intégré les droits universels de l’Homme. Une constitution qui garantit à chacun le libre exercice du culte qu’il a choisi et qui lui convient. Un constitution qui garantit l’égalité de tous les marocains en devoirs, droits et libertés. Une constitution qui assure, dans son article 6
-« La loi est l’expression suprême de la volonté de la nation. Tous, personnes physiques ou morales, y compris les pouvoirs publics, sont égaux devant elle et tenus de s’y soumettre. Les pouvoirs publics Œuvrent à la création des conditions permettant de généraliser l’effectivité de la liberté et de l’égalité des citoyennes et des citoyens, ainsi que de leur participation à la vie politique, économique, culturelle et sociale. »
Divine misère
j'aimerais tant que cette analyse s'adresse à une population qui n'est pas ignorante mais plutôt illettrée . peut-être en utilisant l'arabe dialectal le message aurait un meilleur impact. les citoyens ne sont pas dupes , il faut juste un encadrement approprié pour les aider à réagir dans le bon sens .
« La religion est l’opium du peuple » dira Karl Marx et, ce à quoi nous assistons, illustre parfaitement cette vérité. Dieu et son utilisation à des fins politiques retarde la prise de conscience et, au milieu de la contestation du 20 février, c’est la religion qui a fait tomber la fièvre. Les jupes d’Inezgane ont sauvé les responsables d’une mise à jour qui aurait permis aux revendications d’aboutir. C’est grâce à Dieu que le gourou islamiste a fait avaler la pilule de la suppression de la caisse de compensation. A chaque fois qu’un mouvement se met en marche, comme par hasard, un incident de mœurs surgit. Grâce à Dieu, on a raflé les voix aux élections et c’est dans le murmure des prières que le destin du pays est redessiné dans les vapeurs de la résignation. Le fatalisme et la volonté divine font accepter une saison agricole médiocre. Nul besoin d’experts quand il faut payer la dette, une sourate par ci, un hadith par là et ce qui devait secouer les incompétences, devient un test pour le visa du paradis. « Tout est cité dans le Coran », se plaisent-ils à répéter et si le chômage augmente, c’est pour mieux mettre en valeur la solidarité dans les familles au lieu de booster l’investissement et la croissance.
Le discours officiel dégage ces vapeurs soporifiques qui font croire que tout ce qui se dit est d’inspiration divine. La peur de l’enfer pour les pauvres suffit à calmer les ardeurs et pour peu que quelqu’un se mette à réfléchir, c’est soit qu’il a des tendances séparatistes, soit qu’il participe au complot international contre la communauté.
Désormais, chez ceux qui font travailler l ‘esprit, le nombre de femmes voilées dans la rue est proportionnel au degré d’asservissement du pays. A force de le répéter, chaque soir, elles ont fini par, vraiment, y croire.
Réciter une prière est désormais le remède à tout ce qui handicape l’évolution et bientôt, tous les maux ne résisteront plus à ce pouvoir qu’est, semble-t-il, la foi !
Vous êtes pauvre, priez ! Sans travail, priez ! Criblé de dettes, priez ! Malade et agonisant, priez ! Au paradis, tout vous sera rendu au quadruple. En attendant, ne vivent, vraiment, que ceux qui n’ont ni foi, ni loi.
Souffrances
Comme un bébé négligé, comme une femme ignorée et comme un homme blessé, mon pays souffre dans le silence des hypocrisies, dans les discours qui vantent au diable les bienfaits du paradis. Ils ont conquis la rue habituée aux dialogues incertains, ils laissent pousser leur barbes pour se déguiser en croyants et enveloppé leurs femmes dans des linceuls en couleurs pour faire croire que la vertu est leur commerce. Ils chantent la mauvaise foi comme des corbeaux déguisés en hirondelles. La sauce graisseuse qui macule leurs doigts épais rappelle le dégoût vomi sur les marches d’un souk transformé en mosquée.
J’ai honte de me dire, comme eux, citoyen du même pays.
Quand je les vois triturer le mensonge comme une flèche qui sème le doute et la zizanie, j’ai peur pour ma rue, pour sa poussière devenue normale après le passage des éboueurs qu’ils ont remplacés. Avant je haïssais le flic qui dormait avec son uniforme, aujourd’hui, je déteste l’imam qui vit sans vraiment rien faire.
J’exècre la femme qui se cache pour mieux voir les autres et je tremble pour la fillette déguisée en nonne sans comprendre. Ils bavent et discutent pour se convaincre que la pédophilie légale est un don divin et que… l’homme vrai ne peut se contenter d’une paire de seins !
Je les vois en intellectuels avertis dessiner des discours parfaits mais quand j’essaie de comprendre pourquoi oublient-ils d’être humain, je découvre le loup qui sourit pour séduire la chèvre dans leur attitude apprise par cœur.
Ils sentent l’odeur des rues tachées de sang quand quelqu’un ose les contredire et aiguisent la menace devant le regard des prochaines victimes. Acariâtres comme une vielle femme toujours vierge, ils refusent de voir en public ce qu’ils adorent admirer en cachette et prétendent d’être aussi purs que le canal qui évacue nos ordures. Plus humain que le prophète, ils s’inclinent avec diligence quand le maître qui les terrorise arrive pour les voir. Ils s’entendent discuter dans le silence des promesses qu’ils oublient devant le buffet garni que le peuple paie pour les réunir. Il s’applaudissent pour se donner le courage d’assumer leurs mensonges et quand vient le soir, après la dernière prière, ils fomentent le discours comme on prépare une liqueur.
Demain, ils devront, encore, mentir au point de se convaincre que… la vérité est un mensonge qu’il ne faut pas dire !
Le rituel rodé comme une vieille voiture, ils inventent des vendredi blancs comme l’aube de l’Islam et se prétendent sains comme des saints arrivés en retard. Ils échangent entre eux, sur le chapelet qui sent l’odeur du poulet aux citrons, les idées trompeuses comme on échange des adresses de coiffeur et, se congratulent en gloussant comme des hyènes affamées.
Le grand homme, le visage alourdi par une barbe vaincue par la pesanteur, me toise, me juge et devant l’air que j’ai à ignorer sa bêtise, esquisse un sourire et s’incline pour me servir. Je demande le prix, pourtant affiché. Il prend l’article et fait mine de l’envelopper en me murmurant: « Pour toi, donne ce que tu veux », avec un œil qui regarde ailleurs. Je ne dis rien et le regarde. Il lisse sa barbe pour me convaincre qu’il est musulman. Je le fixe encore. Il dépose l’article et se détourne comme un commerçant pris en flagrant délit de mensonge. Sans rien lui dire, il avait compris que l’apparence ne fait pas le croyant. Pendant quelques minutes encore, je le saurais coupable. Coupable de jouer un rôle pour plaire à Dieu. Il sait, pourtant que celui qui triche n’est pas croyant.
« Triste châtiment qu’il se donne pour survivre en trompant les autres. » me dis-je en le quittant.
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