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Destin de chien
J’ai voulu y croire
j’ai été bête d’y croire
quand, autour de moi,
faille de narcissisme
ou bave d’égoïsme
sont, des parfums,
des plus courants.
Il était, pourtant, beau,
le sourire du premier jour,
doux le baiser du premier soir.
Que d’histoires inventées
à l’ombre de nos rêves
d’adolescents devenus adultes.
Que de joies partagées
à l’ombre des serments
échangés devant l’éternité !
J’ai été bête de croire
que le mensonge est interdit
entre les lèvres qui se cherchent,
les regards qui se confondent
et les mains qui s’entremêlent
J’ai cru l’amour indemne
des contrefaçons pas chères
j’y ai trouvé le piège
perfide et impitoyable.
Je marche pieds nus,
un peu comme pour sentir
sur l’asphalte, la poussière
devenue plus propre que le verbe
qui servait à bercer mes matins.
Étais-je mort au lendemain
du jour où j’ai accepté
de céder ma vie et ma liberté
contre une promesse de bonheur ?
Le seul coupable dans la chanson
n’est pas la voix qui s’égosille
mais la main qui en a inventé
les mots qui rythment l’instrument.
De la main fine qui m’indiquait
le chemin des rêves insensés,
je ne voyais que l’élégance
de l’auriculaire orgueilleux?
J’aurai du me rendre compte
que la hanche hospitalière
n’était qu’un voluptueux paravent
qui occultait à mes yeux,
le vrai dessein des âmes instables.
Méfions-nous du verbe en couleurs
c’est sous ses nuances que dort
le mensonge qui nourrit les ambitions.
Aujourd’hui ou demain, qu’importe
on meurt souvent avant nos illusions.
Vos poèmes me font du bien merci...😌 Nourr Edine
L’amour du lendemain
Je la regardais dormir et sur son visage serein, il y avait cette joie des gens heureux. Malgré l’intelligence de son regard qui manquait au spectacle, la tranquillité d’une mer calme, sans vagues, comme le silence d’un horizon en ligne plate, juste après la mort du soleil, elle semblait dormir en repassant le film des instants heureux sur la face interne de ses paupières. Quand mes yeux caressèrent sa belle chevelure, avec des mèches qui, lui zébraient le visage, c’est d’abord leur parfum qui imprégna mon souffle coupé par la scène. Des cheveux abondants qui lui couvraient, jusqu’à la partie supérieure de son dos, dociles et tendres avec cette douceur au toucher qui les rendait, presque aphrodisiaques ! Les mains croisées comme pour une prière discrète et les bras pressant sa poitrine, pour une échancrure insolente ! L’épaule nue comme un tabernacle qui attire les baisers déposés sans violence. surplombait le reste du corps tout en volumes et rondeurs. La courbe pleine d’une hanche qui, quand elle danse, au lieu de marcher, étonne l’instrument et déstabilise la percussion.
Il était là, le royaume de mes épanchements masculins. Paisible et généreux jusqu’à faire oublier le vertige des hospitalités sincères. Il était là, le corps qui, un jour, à peine entraperçu, changea la couleur de mon regard. Rassasié de bonheur comme une fleur que le printemps a gâtée, comme une rivière rugissante dans le flanc d’une montagne, comme une foule incontrôlée et incontrôlable qui déferle sur le sommeil des gens , comme une joie intense qui dérange l’orchestration des envahissantes ténèbres…
Avant de quitter la chambre à peine obscure, éclairée à travers le rideau, par une lune indiscrète et silencieuse, je m’approchai de cette source de plaisirs inavouables et, mon baiser, sur son épaule pleine et douce comme une peau d’enfant, provoqua en elle, comme une onde électrique, fugace et furtive, qui la fit s’étirer sans se réveiller. Même dans l’inconscient de son sommeil, le corps reste sensible aux fragrances invisibles du désir et de la volupté. En ouvrant la porte pour partir, je sentis mon cœur me retenir et l’envie de revenir dormir près d’elle comme une insoutenable torture, me déchirant de l’intérieur. La pensée, que ce soir, nous reprendrions le discours des sens et l’agitation des désirs réciproques, me poussa dehors, emmenant avec moi, des éclats de lumières tombés des affres insupportables des désirs qui refusent de s’estomper.
Coup de foudre
Je n’ai pas vu ses yeux
Quand elle réveilla mon cœur,
Ni son sourire où s’écrit, avec grâce,
La joie profonde des âmes nobles.
Je n’ai pas entendu sa voix
Ni la mélodie que devient le verbe
Quand elle murmure les mots.
Je n’ai pas touché sa peau
Pour apprécier le frisson véritable
Des contacts qui s’improvisent
et écrivent des contes de volupté.
Je n’ai rien eu de tout cela
et pourtant, quelle joie profonde,
Quelle tempête imprévisible,
Avec ses foudres et ses averses,
Ses débordement incontrôlables,
Quand, l’instant d’un souffle
Dans un silence incommensurable,
La rue, pourtant grise, se drapa
des couleurs d’arc en ciel
Quand je sentis mon cœur, soudain,
Changer de rythme et de tempo.
Un peu comme quand on veut
Intégrer un orchestre en calculant
A quel moment, on doit intervenir.
Je ne savais rien d’elle jusqu’à cet instant
Où, mu par je ne sais quelle force,
Mon regard s’accrocha au mouvement
De celles qui dansent pour ne pas marcher.
Bien que chaperonnée, je ne voyais qu’elle
Et dans mon inconscience intemporelle
Je suivais, que dis-je ? Je fus attiré,
Irrésistiblement par le spectacle fascinant
De la plus belle des démarches féminines,
Du ressac des vagues des mers et océans
Au voyage des lunes, des étoiles et des soleils
Aux murmures des fleuves et des rivières
En caressant, au passage, les parfums,
Les odeurs et les couleurs des fleurs,
Tout l’univers restait insuffisant sans elle
Ses pas devraient rythmer le vol des comètes
Ou transformer le vol des hirondelles
En farandole de fêtes, en éclats de rire
Ou, simplement, rendre audible la joie
Des cœurs qui, enfin, respirent.
J’étais, touché, au sortir de l’enfance,
Par la grâce des anges libérateurs,
Avoir un coup de foudre pour une personne, c'est magique. On a le souffle coupé au premier regard, on a l'impression de la connaître depuis toujours, le cœur qui bat la chamade. Merci Nordine. Juste avant de se coucher, lire un si beau texte, ça, ça me coupe le souffle !
Enfin, merveilleusement amoureux.
Une croupe en mouvement, dans une rue
Avec ses bruits, sa laideur et sa poussière,
a suffit, à mon cœur d’éternel adolescent,
pour se donner la plus belle des raisons
Pour caresser le regard
On aimerait comprendre d’où viennent ces lumières ? Comment est-elle quand les couleurs l’habitent et la transforment ? On se met, alors, à envier l’instant où elle s’oublie, avec pour seuls compagnon, le chevalet, la toile et les couleurs. Le regard s’aiguise, s’emporte et se perd dans les méandres des pensées qui se bousculent. Mille chemins tortueux, mille choix et milles tortures…
Sur la toile vierge, s’enfantent des points, des lignes, des surfaces qui se transforment et se métamorphosent en relief que la perspective suggère. La femme devient ombre, présence et mouvement. que faut-il suggérer, que faut-il montrer, que faut-il occulter pour que l’œil s’éblouisse, pour que le cœur transpire et donner, l’instant d’un regard, toute cette richesse enfouie dans l’âme ?
Elle laisse le silence dans les ombres et semble vouloir mettre le rire entre le pinceau qui caresse le tissu sur lequel s’épanchent les couleurs et l’idée qu’elle se fabrique derrière.
Elègie
Le ton plaintif qui évoque la mort ou l’expression d’une souffrance que l’abandon par un être peut provoquer, parfois, simplement son absence, le cœur suffoque dans son propre soupire et l’âme désaxée, un instant, ne retrouve plus le chemin de la plénitude et le calme. Le ciel se couvre, même bleu par endroit, d’une brume noire et glauque. L’oiseau peine à battre des ailes et l’arbre majestueux se fige dans un silence immobile.
Que se passe-t-il donc, dans l’univers du regard vidé du spectacle familier de cette forme humaine qui lui a appris à se concentrer ?
Qu’arrive-t-il à la pensée éparse qui gît étendue et nue sur l’amas de souvenirs orchestrés par la douleur ?
Reviendra-t-il, ce temps qui narguait le soleil, défiait le printemps et escrimait avec les branches du peuplier frileux ?
L’étoile qui, jadis, indiquait au regard la direction de la couche chaude de l’être plein de grâce, s’est-elle éteinte ou a-t-elle été emportée dans le sillage des pas qui s’éloignent ?
Le vague à l’âme et le désarroi meurtrier semblent occuper le trône des destins qui se confondent et la joie s’habille en noir comme une veuve qui n’a plus d’avenir, comme un enfant sans sein, comme une fleur sans parfum…
Je vais, de ce pas, courir vers l’horizon jusqu’à entrevoir, parmi les silhouette diffuses, celle qui m’a tendu les mains jointes pour abreuver ma solitude, me faisant boire jusqu’à plus soif, de cette eau claire qu’elle tirait des larmes intarissables qui coulaient de ses yeux, couleur de deuil.
Je marcherai vers elle, titubant sous le poids de ma fatigue incertaine jusqu’à toucher le galbe du genou insolent. Ma main effleurera la courbe qui défie le délire et ma langue prononcera l’allégeance que je luis dois pour tant de vitalité prodiguée, tant de joie et tant de bonheur. Elle ne m’écoutera peut être pas et ne m’entendra pas mais je sais qu’elle sentira, quand je serai à ses pieds, que le vent ne souffle plus, l’oiseau s’est tu et le soleil a tremblé…
Le regard ailleurs sur la ligne qui sépare l’horizon, elle restera, les cheveux posés sur la brise du soir en retard et sur sa cuisse légère tombera la larme brûlante qui s’échappe de l’âme quand elle se prépare à partir.
Transparente beauté et fragile présence, le ciel se recueille pour accueillir tes pas et la terre se crispe comme une épluchure d’orange gagnée par la chaleur de l’été sans eau.
Fidèle campagne à la bouche usée par le baiser qui revient chaque soir, chaque matin, pour chanter ta grâce et te rendre hommage. Divine providence en forme de cœur, à la fois, vif, tenace et téméraire.
De mon destin tu as fais une œuvre qu’on s’arrache sur les places du monde, un palais de mille et une lueurs, bâti sur les feuilles mortes avec lesquelles nous comptions nos promesses. Ta croupe légère a longtemps été ma boussole et mon repère et ton rire, l’écho du jour qui s’en va et de la nuit qui nous prenait sur le lit de nos rêves éveillés.
Fidèle étoile à peine déguisée, mon âme vacille entre le trépas et la vie sans toi, tous deux pareils dans ma souffrance profonde.
Que reste-t-il après ton absence, pour éclairer le chemin que nous suivions ensemble ? Le peu de chaleur qui réchauffe mon cœur et mon corps suffira-il à m’aider à te rejoindre là où, les paupières fermées, tu t’abandonnes à l’annonce de la fin. Je ne sais que faire, que tenter pour demeurer, accroché à ton doigt comme la bague bénie, comme l’anneau qui promet, fidélité et amour.
Ange mien au regard fertile, incertain, je m’égare entre l’insignifiant projet que tu fais de ma vie et l’incapable souffle qui me maintient debout.
Demain n’aura plus de sens, quand son soleil aura disparu et ce soir, sans lune ma nuit ressemblera, au noir qu’est mon existence quand tu n’es plus là pour l’éclairer.
Table des matières