C'est libre que je suis meilleur

Ai-je perdu la foi ? / On se trompe d’ennemi ! / Triste réalité / L’islam de ma mère

J'ai vu mourir le rêve quand le bec des vautours s'acharnait sur la peau dont la douceur faisait mon oreiller.

L’islam de ma mère

Musulman, c’est quoi, au juste ? Suis-je forcé de me questionner quand tout autour de moi, il n’y a que Coran psalmodié et conversation avec des versets ou hadiths pour ponctuation ?
Musulman, c’est d’abord aimer l’autre au point de sacrifier son temps pour l’écouter, son argent pour lui venir en aide et sa foi en lui, pour le soutenir. Musulman, ce n’est surtout pas, des gestes ou une gymnastique corporelle. Il y a dans le regard d’un musulman autant d’empathie que son cœur peut offrir.
Je ne sais pas mais l’image que j’ai du musulman est pleine de sagesse et de discrétion et quand, dans les brumes de l’enfance, j’entendais ma mère répéter, chaque jour, » كل واحد يلقى فعله  » (que je traduis par « chacun est comptable de ses actes ») ! Cette phrase résume, à elle seule, à la fois, tolérance (accepter l’autre sans le juger), respect de l’autre (Qu’importe qu’il croit ou ne croit pas) et non ingérence (quand elle s’interdit de juger).
Dans cette belle image du croyant véritable, on retrouve toute la sagesse qui nous éviterait de nous confronter aux interprétations que nous pouvons avoir des écritures.
En plus de cette attitude de non ingérence dans la croyance de l’autre, j’ai toujours adoré sa manière de s’éclipser pour aller s’isoler pour prier. Tous les marocains savent que le salon est réservé aux invités et on n’y entre que quand on a un visiteur de marque. Toujours fermé et propre, il reflète l’image même du foyer, de la famille et la considération apportée au visiteur et c’est le sens même que nous donnons à l’hospitalité, devenue légendaire. C’est dans ce lieu à l’écart qu’elle allait à la rencontre de Dieu. Volets fermés, elle priait dans ce silence d’où émane ce respect tant à l’acte de prier qu’à celui auquel on adresse ses prières. Mieux encore, pour prier, elle mettait un voile de soie pure, réservé à cette occasion, répétée cinq fois par jour, tant pour exprimer son respect à la majesté de Dieu que signifier qu’elle est en présence de Dieu; le même bonheur qu’elle retrouvait quand elle se penchait pour baiser la main de son père. Respect, dignité et honneur qui, aujourd’hui tendent à être remplacés par agressivité, ingérence et irrespect.
Je ne crois pas que l’homme qui prie sur le trottoir, sur lequel le chien bâtard vient d’uriner, puisse penser atteindre cette communion que ma mère avait avec Dieu dans le silence et l’isolement. Je ne pense pas que la qualité de la prière ne puisse pas tenir compte du lieu et de l’attitude que l’on a quand on est en face de son Dieu.
On me parlera comme d’un devoir sacré que celui d’aller faire la prière du vendredi à la mosquée, on me vantera ses bienfaits et quand je sais que généralement, c’est peut être un acte collectif, l’occasion de rencontrer d’autres croyants, échanger et partager ses préoccupations mais je sais aussi que c’est l’occasion de faire des affaires ou faire jouer ses relations ! Jamais ma mère n’est allée à la prière du vendredi. Elle avait tellement de pudeur que juste le fait d’être vue par des hommes, c’était une offense à Dieu, une indignité pour mon père, son époux. « Celui qui veut rencontrer Dieu, il sait où le trouver et l’épouse se doit de protéger le « sang de son visage » (l’honneur) car c’est le « sang du visage » de son mari » (son honneur).
L’islam de mon enfance mettait Dieu au dessus de tout et quand on s’adresse aux autres, on avait toujours le regard de Dieu pointé sur nos pas. Faire le bien seul compte et quand l’occasion arrive, ma mère dira que « c’est Dieu qui t’a choisit pour le faire ». Cette interprétation, j’en ai senti l’odeur, quand des années plus tard, avec un gardien de voiture à qui je demandais de laver la mienne. Une fois, en voulant le lui demander, je me suis excusé par respect à son âge, il me toisa, presque en colère et me dit: » C’est Dieu qui a décidé, pour moi, cette fortune (rizk) et tu voudrais m’en priver ? »

Je peux certifier le grand cœur de cette maman qui m'a reçue dans sa maison en 1972 et en 1973. Cet événement a ajouté un grand plus dans mon amour pour le Maroc. Ma rencontre avec Nourr Edine n'a eu lieu que 35 ans après. Il n'y a pas de hasard..

KsarSania Françoise

Nous sommes loin de cette image idyllique du croyant ayant foi en Dieu, agissant non pour gagner une aura ou une quelconque reconnaissance mais juste parce que tous les humains, tous les êtres vivants sont les créatures de Dieu et, offenser l’une ou manquer de respect à l’autre, c’est offenser Dieu.
Aujourd’hui, on joue au croyant, on adopte l’allure des compagnons du prophète pour faire vrai et on pousse l’audace jusqu’à prétendre vouloir continuer l’œuvre du prophète. Les femmes jouent aux saintes, pures et irréprochables, comme si la religion n’est qu’apparence. On mets les hadiths après chaque virgule et on se prétend investi d’un savoir comme si on avait vécu aux côtés du prophète.
Je compris, très tôt, que ces prédicateurs étaient des imposteurs qui ont vu dans la religion un commerce qui rapporte et il rapporte d’autant plus que les clients sont des ignorants, facilement influençables et aisément manipulables. L’un d’eux était allé jusqu’à prétendre que le prophète a rendu nulle la prière d’un homme à cause de la présence de sa femme. Ce à quoi, Khadija, la femme du prophète avait répondu que « c’était faux ! et que bien des fois, le prophète priait alors que j’étais étendue devant lui ». De la scène d’amour du prophète, ils sont arrivés à en créer une réputation diabolique pour la femme.

Bravo cher ami, vous avez bien résumé le tout ! comme je l'ai vécu aussi avec mes parents et ma famille toutes ces années la !..

Mouaddab Touria
Tous les marocains ont cette fibre religieuse bien enfouie en eux. Elle les retient et les empêche d’offenser Dieu. Ils ont vécu, au sein de leur famille, dans la crainte de Dieu. A l’école, ils ont suivi, épisode par épisode toute la saga du prophète à tel point que la religion, qui aujourd’hui fait peur, est leur armure contre la haine de l’autre et mieux, ils s’interdisent du juger les autres.
On ne réfléchit pas en musulman, on vit en musulman et que c’est beau, ce sens que nous sommes arrivés à donner à la pudeur, au respect des parents et des personnes âgées, à la solidarité si visible dans nos quartiers quand c’est le voisin qui s’occupe de la veillée funéraire quand on a perdu un proche.
Je sais maintenant que c’est grâce à ma mère que je suis hostile à tout ce qui est ostentatoire. C’est grâce à nos mères que rien ni personne se saura, ni ne pourra nous faire relire le Coran à sa manière. Comme une mode qui disparaîtra d’elle même, cette nouvelle manière de s’habiller musulman, parler musulman durera ce que durent les roses, le temps d’un matin.

A ma mère !

Ai-je perdu la foi ?

Le matin de ce jour, destiné à être celui de l’apocalypse Maya, est comme une migraine qui persiste et qui demeure. L’ombre qui marche dans mon silence n’est plus qu’un courant d’air qui dessèche l’épiderme et brûle les narines. J’aurai aimé ne pas être là et, être ailleurs est un mirage qui subjugue mes pensées. La fleur fanée, sur le bord de mon balcon me rappelle que le cœur s’épuise quand la foi l’abandonne. Victime de la naïveté de croire que Dieu regarde et juge sans condamner, ces apôtres de la bêtise qui s’acharnent sur la main hospitalière. Je meurs dans cette descente involontaire vers les immondices de ceux et celles qui cultivent leur ego sur le lit qui leur est offert. Je meurs pour ne point voir le triomphe du mensonge sur la vérité sereine de ceux qui ont eu la foi, un jour, un soir où les étoiles semblaient briller pour eux. Crédule proie des vipères qui attendent, dans l’ombre des discours fabriqués pour tromper l’éveil. La main qui donne ne tremble jamais quand l’intention est réelle.

Vénérer Dieu par le travail !

Ô travail ! Mon seul repos.

J’ai vu mourir le rêve quand le bec des vautours s’acharnait sur la peau dont la douceur faisait mon oreiller. La main noire qui menaçait le mystère des cœurs qui savent, à l’unisson, battre les « je t’aime » comme la mer qui s’effiloche en vagues sur les rochers de mon horizon. Elle s’est peinte, d’un blanc immaculé, pour tromper ma vigilance et comme les restes sales des misères intellectuelles, elle s’est blottie en silence entre le verbe et l’oreille. Se faisant oublier dans le commun discours des vipères sournoises, elle attendait pour surgir que l’esprit se relâche.
ADoucement et sûrement, elle dessina le contour de ce qui sera le suicide des destins qui s’oublient dans leur bonheur. Comme une flamme qui jaillit de la fournaise des mensonges devenus réels, elle enveloppa le regard, détourna le verbe et dans un élan, longtemps retenu, elle frappa la nuque qui s’offrait à sa misère. Le venin fluide n’eut guerre de peine à se répandre dans les veines innocentes.
C’est d’abord une torpeur qui gagna le corps déjà condamné et quand le soleil se détourna pour aller dormir, la démence des propos qui surprennent l’habitude, terrassa le regard qui s’étonne. L’esprit devenu malade s’habitue au venin quand la foi abandonne les lèvres qui tremble sous la morsure du mensonge. D’une seule voix, les ombres parlent au visage avec véhémence, convaincues que le mal est une bête qu’on apprivoise, comme un monstre dressé pour tout détruire. Le reptile hideux qui glissait sur le sol s’enroula autour du corps qui se métamorphose et dans un dernier murmure, ils se confondent et renaissent comme une méduse visqueuse sur le soupire qui s’étouffe.
Le mal est un métier facile à apprendre mais le bien est un effort perpétuel. La foi fragile ne peut résister quand la calomnie se fait convaincante. L’esprit incertain se laisse prendre par le murmure facile qui flatte l’ego faible et insatiable. En attendant de finir comme une poussière, je lègue la joie d’avoir cru à ceux et celles qui croient encore, que l’Amour est un destin qu’il faut garder loin des regards.

Vous pouvez arracher l’homme du pays, mais vous ne pouvez pas arracher le pays du cœur de l’homme.

John Dos Passos

On se trompe d’ennemi !

L’intégrisme est un refuge pour la misère parce qu’il offre un sursaut d’espérance à ceux qui n’ont rien. Que leur mal disparaisse, et l’intégrisme perdra ses troupes.” Répétez cette vérité de l’abbé Pierre et vous comprendrez que l’intégrisme islamiste se nourrit de notre incapacité à distinguer les véritables ennemies qui sont l’ignorance et la misère. L’intégrisme vit sur nos poches d’ignorance, sur l’enceinte de l’école délabrée et envahie par le discours obscurantiste. Il faut éveiller les consciences par le savoir pour faire retourner la foi à son habitacle naturel, la sphère privée. Continuer à pérorer sur le voile ou la barbe, c’est se tromper d’ennemi.
Quel esprit instruit croirait-il qu’au paradis il y a des vierges qui attendent ? Dira Sa Majesté et si, la vérité étant là, nous nous obstinons à nous préoccuper de l’apparence, la misère et l’ignorance, elles, se répandent et développent le champ d’action de ces nouveaux fascistes.
Quand ils vous parleront de Dieu, répondez que Dieu n’est à personne et n’a nul besoin qu’on le défende, il est bien plus grand que ce que peuvent imaginer leurs cervelles d’insecte.
L’intégrisme a deux faces hideuses: celle qui séduit le pauvre bougre qui ne sait rien de ce qu’il y a derrière sa montagne et celle des parvenus et opportunistes qui prennent le train en espérant profiter de ce faux pouvoir que rien, ni personne ne légitime.
Quand le voile vous offusque, regardez sous le voile et ce qui y manque pour respirer librement. Pour certaines, c’est le syndrome de la foule qui croit avoir raison parce qu’ils sont plusieurs à se tromper. Pour d’autres, c’est une mode, un business avec ses démarcheurs, ses mannequins et ses requins. Pour la plupart, elles sont séduites par le discours simple des islamistes car ils n’utilisent, pour convaincre, que le langage commun de tous le monde et ce faisant, ils diabolisent les droits universels des humains écrits par des intelligences au dessus de la moyenne.
Au lieu de courir derrière la barbe et le voile, ne vaut-il pas mieux aller restaurer, équiper, réinventer l’école et y enseigner les droits à chacun et les libertés dont celle de conscience qui veut que chacun est libre de croire ou de ne pas croire. C’est d’autant plus facile qu’en Islam, il n’y a ni prêtre, ni rabbin et que la relation est directe entre le sujet et son Dieu ! Nous aboyons en jouant les offusqués, ils murmurent aux oreilles des pauvres et des exclus ce qu’ils ne peuvent crier car la vérité est ailleurs. Ils nous divertissent avec le voile et la prière obligatoire et nous, comme des imbéciles, tombons dans leur piège. Laissez les femmes porter le voile, partager leur mari et se contenter de la moitié de ce auquel elles ont droit et attachons nous à rendre les sciences et le savoir, accessibles à tous. Le futur seul déterminera qui rêve et radote de celui qui travaille pour garder la tête hors de l’eau !


Triste réalité

Je regarde par la fenêtre la rue et j’ai devant moi, le spectacle de tout le pays sauf, peut être la misère qui ronge les pieds des enfants dans les vallées meurtries qui dorment dans les montagnes. Je regarde et je réfléchis à ce qu’il faudrait faire pour que les rayons du soleil touchent tous les habitants. Combien de temps nous faudra-t-il encore pour que ceux qui ont réussi à traverser la rivière s’arrêtent et se retournent pour donner la main à ceux qui sont restés sur l’autre bord.
Ils ont créé un rivage à l’abri de la misère et n’accueillent, chez eux, que ceux qui comme eux, ont effacé de leur mémoire, ces valeurs qui font un peuple souverain sur un territoire indépendant.
Cela me rappelle le débat télévisé sur la nécessité ou pas de faire des enfants et si l’optimiste prouve que si tous les habitants mangeaient comme les Bhoutans, nous pourrions accueillir encore des milliards d’habitants mais si comme Michel Onfray, nous nous posions la question « faut-il, encore faire des enfants ? » Nous hésiterons car à quoi sert de faire un enfant quand, après l’avoir éduqué sur des valeurs de vertu, de solidarité, de partage, de tolérance et d’honnêteté, nous constatons que ce sont ceux qui n’ont aucune vertu qui réussissent. Un enfant n’a jamais demandé à venir et, la raison, comme le devoir, veut qu’on lui prépare le monde dans lequel il doit vivre. Un monde où tous les enfants sont égaux et ont les mêmes droits. Un monde utopique, dira-t-on mais alors, à quoi servent tous ces discours de bonne facture quand on voit que le menteur et le manipulateur peuvent se retrouver avec des ressources énormes sans avoir transpiré pour les avoir ? Ou alors, faut-il comprendre que ces beaux discours ne sont destinés qu’à ceux qui acceptent de trimer pour que d’autres jouissent du fruit de leur labeur ?

C’est à ce moment que la notion d’état s’impose et nous oblige à nous demander quelle sorte d’état avons-nous ?

– Est-ce comme une sorte de grand ranch où la masse s’occupe à fructifier le cheptel et que ce sont les propriétaires qui décident, pour chacun, ce à quoi, il a droit. Un peu, à l’image du Moyen âge, où les citoyens sont des serfs et les dirigeants, des seigneurs qui ont droit de vie, de mort et même, parfois, droit de cuissage, appelé aussi droit de jambage et parfois droit de dépucelage. Une pratique selon laquelle un seigneur aurait le droit d’avoir des relations sexuelles avec la femme d’un vassal ou d’un serf la première nuit de ses noces ?
– Ou est-ce, comme il est écrit dans le texte suprême, appelé constitution, que notre état est une démocratie avec, d’une part, la garantie du respect des droits humains à tous les citoyens et, d’autre part, c’est le peuple qui légitime tous les pouvoir et la souveraineté du pays lui appartient ?
Qu’en est-il, alors, de notre réalité quotidienne, sans complaisance ? Il est fascinant de remarquer que nous ne sommes, ni l’un, ni l’autre ou mieux, les deux, à la fois ! Il y a une masse populaire qui travaille, paie ses impôts mais ne jouit d’aucun droit tel que la constitution le stipule.
Quand vous parlez d’égalité, on vous répond que la religion n’autorise que ce qui est écrit dans les écritures et les femmes se trouvent lésées au nom d’une philosophie qui regarde le sexe féminin comme une tare.
Quand vous revendiquez l’égalité des chances pour tous les enfants, même au nom du même Dieu, il y a des enfants qui ne savent pas ce que veut dire l’école, d’autres font des kilomètres pour aller grelotter dans des salles sans chauffage, parfois sans vitres alors que d’autres sont amenés en limousine jusque dans la cour d’écoles aussi belles que le rêve impossible des bergers d’Aït Bouguelmaz ! Dieu, par la voix du Saint Omar ne préconise-t-il pas qu’on ne doit manger à sa faim que quand son voisin ne manque de rien ?
Quand on constate qu’il est écrit que nous sommes tous égaux devant la loi, nous nous demandons pourquoi dans nos prisons, il n’y a que les gens du petit peuple qui volent ou trichent pour survivre et jamais de puissants même quand ils ont détourné des milliards ?
La liste des incohérences est aussi longue que le temps que passe un jeune chômeur pour trouver un travail…
Le constat est décevant et amère surtout quand, du matin au soir, nos oreilles sont écorchées par la notion de bien et de mal et, quand, avant l’aube, on s’oblige à interrompre son sommeil pour aller s’abreuver de discours qui parle d’un autre monde, d’une autre planète, on se demande si vivre dans la dignité, pour plusieurs, est dans l’au delà, alors que l’opulence et les fortunes indécentes sont pour quelques uns, dont le seul talent est de ne rien faire, ici et maintenant ?

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