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Belle.
Belle comme une rose qui défie le regard, comme une chanson qu’on fredonne sans le vouloir, comme ce parfum qu »elle laisse quand elle s’en va, la hanche heureuse comme une promesse de plaisir. Des cheveux qui tombent comme une rivière attirée par la pesanteur, le regard repeint juste pour plaire et le rire volontaire comme une invitation à la joie. Entre le mollet, en carpe taillé et le sein, très souvent, épris de liberté, la femme se révèle, soudain, ce soir, comme une explosion de désir dans le rêve qui se prolonge. Elle est belle, à sa manière et elle l’assume dans la bonne humeur qu’elle invente autour d’elle. Belle et chaude comme atmosphère cordiale, comme un gage de bonheur quand le feu s’acharne à faire danser les ombres qui se confondent. Quelle femme et quelle présence; quand elle passe comme une bonne nouvelle, quand elle s’installe comme une lumière qui dérange l’habitude, comme une lettre postée avec impatience et qui enferme un peu de son parfum. J’adore à la voir vivre dans sa féminité consommée avec aisance.
Libre oui mais…
Maintenant qu’elle est libre, elle se fait, chaque jour qui passe, une nouvelle image d’elle, beaucoup plus spontanée, plus fidèle à ce qu’elle a toujours rêvé d’être. Elle explorait sa féminité pour en arrondir les angles, camoufler le travail du temps pour paraître comme quand elle était jeune adolescente. Elle s’essayait à devenir attirante au point qu’elle osait des chemisiers de soie qui dessinait ses courbes ou des jeans moulants, harmonisant ses formes et exagérant sa démarche. Attentive aux regards des hommes qui aimaient à la suivre du coin de l’œil et au fond d’elle, elle se plaisait à imaginer à quoi ils pensaient. Elle faisait tout pour concentrer leur fantasmes sur sa poitrine, ses courbes et ses gestes. Elle y trouvait un malin plaisir à, toujours et encore, tenter plus, devenir plus femme. En somme elle se libérait.
Fini les automatismes qui freinaient son épanouissement pour on ne sait quelle morale hypocrite, fini les interdits maternels qui étouffaient en elle cette soif d’être elle, comme elle le sentait, comme elle le voulait. Elle s’excitait à vouloir jouer la tentatrice quand l’homme devant elle, le regard fixé sur l’échancrure, bafouillait sur le prix de l’article qu’il lui offrait au lieu de le lui vendre. A chaque fois, elle prenait conscience du pouvoir qu’elle avait sur la gente masculine sans vraiment rien faire. Il lui suffisait d’être pour que l’atmosphère s’électrisa et, c’est cette griserie qui lui manquait, qui lui a souvent manqué.
Petit à petit, elle se rendit compte qu’elle n’a jamais été la femme d’un homme. L’idée même de le croire lui donnait des picotements sous l’épiderme. C’est bien libre qu’une femme respire, ouvre les fenêtres et laisse l’air entrer pour se sentir vivre. Elle osa même, la première fois, aller dans le sens du regard du bel homme qui la dévorait des yeux, lui faisait la cour et, à chaque effleurement de son corps, elle sentit des bourgeons s’ouvrir dans tout son corps. Le désir, comme une fièvre brutale, réchauffait son corps jusqu’à le brûler quand la main rugueuse osa se recueillir au creux de ses reins. Elle était femme jusqu’au bout des orteils quand il déposa des baisers sur tout son corps, un peu pour la faire tressaillir et beaucoup, pour la faire céder. L’orage qui dévasta son ivresse cessa aussi vite qu’il avait commencé et elle se retrouva, entièrement nue dans sa féminité. Le miroir lui renvoya la disgrâce de ses bourrelets, les rides laissées par le temps et, à côté d’elle, le lit était vide. Il ne subsistait de la nuit que la trace du passage d’un mâle venu assouvir son désir. Aucun mot pour la remercier ou la prévenir. Pourtant, se dit-elle, il paraissait épris et entreprenant ! Elle se trouva ridicule jusqu’à sentir des larmes baigner ses cils. Elle, qui se sentait fière, avait honte d’avoir été utilisée, consommée puis abandonnée comme un torchon. Au lieu de l’extase qu’elle entrevoyait dans ce qu’elle pensait être la victoire du charme féminin, c’était une sensation dérisoire de n’avoir servi qu’à satisfaire un désir animal. Elle étouffa un sanglot en pensant au mot « Amour » qu’elle entendait chaque matin à son réveil. Un mot où il n’y avait rien d’autre que cette chaleur magique qui pouvait transformer le sourire en désir et le baiser en ivresse voluptueuse. Elle se mordit la lèvre inférieure jusqu’à sentir le gout du sang. Elle se leva, entra sous la douche pour s’abandonner à la chaleur de l’eau. Elle resta ainsi jusqu’à croire qu’elle avait lavé la honte qui collait à sa peau. Elle s’habilla et s’en alla.
Sur le chemin du retour, elle se rendit compte qu’elle avait tout perdu en voulant être libre. Ni l’ébat bestial de la nuit, encore moins cette sensation d’avoir été coupable en ignorant jusqu’à la magie de l’amour que pourtant, elle recevait sans vraiment rien faire. Au lieu d’être libre, elle s’était rendue esclave, le temps d’une nuit, de ce qu’il y a de plus vulgaire et abjecte du cerveau primitif qui contrôle encore, bon nombre d’hommes et de femmes. Elle n’avait rien gagné en liberté et pire, elle avait tout perdu en cherchant à être libre !
Ego insatiable
Mon ego est une bête
j’ai eu du mal à la dompter
si je l’avais écouté
j’aurai eu le menton au dessus des nuages
je n’aurai eu, alors, comme couleurs
que les nuances ternes du gris
et le spectre des bleus de l’azur.
je ne verrais ni l’innocence fleurir
sur le sourire des enfants,
ni le charme d’un regard de femme
quand il tremble derrière les cils,
ni la dignité d’une barbe blanche
qui se parfume de sages prières.
Il m’a fait croire que l’on vit mieux
quand plusieurs mains hypocrites
s’unissent pour m’applaudir.
Il m’a fallu du temps et des lectures
pour le mettre à genoux et le faire taire.
J’ai étouffé sa voix dans le concert
des mélodies qui savent atteindre
les fibres profondes des corps.
Aujourd’hui, il me sert, esclave soumis,
à découvrir la beauté des êtres et des choses
il trépigne devant le spectacle d’un insecte
et s’endort aux bruits des mots, neufs, inventés.
il m’indique d’où vient le magique parfum
quand l’odeur du jasmin taquine mon silence.
il se cache dans le bruit des conversations
et me retrouve, humble comme une larme
qui dessine sur ma joue, un cri d’enfant.
Je suis le maître et il est l’esclave
il ne sert que mes caprices de poète
et nettoie la trace de mes erreurs.
Il est mort ,au dernier soupir, de ma mère
sur son absence, tout mon art se repose.
RESPECTS
Je fais une pause à mes colères, ces déchirures que je n’ai pas demandées et qui, pourtant, m’affectent de près et de loin, au point de croire que notre situation n’ira jamais en s’améliorant. Je regarde mon beau pays, avec ses rivages, ses montagnes, ses forêts et ses plaines et je me demande comment une telle beauté peut enfanter des hommes qui ne portent aucun regard sur elle. Comment et pourquoi en sommes-nous arriver à ce désastre collectif avec des hommes et des femmes qui n’ont plus comme horizon que leur cupidité, leur soif d’argent et de pouvoir ? Vers quel destin nous mènent-ils et en sont-ils conscients ?
Nous n’avons rien appris qui puisse nous inculquer le respect. Le respect de nos rues quand on ne s’interdit pas de jeter des ordures (un mégot par ci, une bouteille vide par la). Le respect des autres quand on a pris le droit de les juger, l’un pour sa manière de s’habiller, l’autre pour sa façon d’ignorer les autres. Le respect des lois quand il faut, toujours, un agent pour nous rappeler qu’il faut céder le passage aux piétons et qu’il ne sert à rien de rouler comme au 24h du Mans pour juste aller rejoindre ses amis à la terrasse d’un café. Le respect tout simple, de la femme qui passe et qui, sous les yeux hagards des abonnés à ne rien faire, se sent déshabillée, agressée et même violée virtuellement, simplement parce qu’elle a eu envie de se sentir coquette et féminine. Le respect dans le débat quand il faut écouter pour répondre au lieu d’attendre pour répondre. Respecter l’opinion contraire avec cette humilité qui veut que personne ne détient la vérité. Le respect de la citoyenneté qui ne dépend ni du portefeuille, ni de la foi mais simplement du respect de la loi, le respect du droit et des principes universels qui veulent que nous sommes tous égaux. Le respect de ceux qui votent pour moi car leur choix est un honneur qu’ils me font et que je dois, à tout prix mériter. Le respect de ceux qui sont venus avant moi et que rien ne peut me permettre de les ignorer. Le respect quand je suis assis, payé pour servir, à celui qui n’est là que parce que j’ai pour lui le service pour lequel il paie des impôts.
Le respect du pays est dans le sens que je donne à la citoyenneté. Je suis concerné dès qu’elle est bafouée par celui qui commerce des droits pour toucher un pot de vin ou une infime faveur.
J’éviterai, par respect aux autres, de parler du respect de Dieu, il ne m’a délégué aucun pouvoir pour le défendre et pour l’amnésique de la conscience, Dieu a-t-il besoin d’être défendu ?
Pourquoi aimer
Quand l’Amour meurt
l’âme se recroqueville
et s’en va se morfondre
au plus profond de l’être.
les souvenirs heureux
se désagrègent et s’élèvent
en fines volutes éparses.
La mémoire s’étouffe et agonise.
Que le soleil se lève ou se couche
les mots perdent leur consistance
la lumière devient diaphane
les étoiles s’éteignent.
la nuit devient envahissante
le silence se propage, insidieux
comme une angoisse inconnue.
Il ne reste plus, pour survivre,
que la fraîcheur des solitudes
pour se retrouver seul
avec ses remords et ses regrets.
Le cœur se détend doucement
et réveille l’âme endormie.
Le Moi grandit et se lève
balaie les rêves devenus ordures
tisse une nouvelle toile
pour y inscrire les douleurs
comme des blessures à éviter.
l’espoir se met à germer.
Bientôt un nouveau jardin,
et de nouvelles fleurs
au balcon qui donne
sur le monde des yeux purs.
Plus jamais, il n’aimera
plus jamais il ne souffrira.
Quand la vie à deux devient inutile
la solitude devient destin
le rêve qui ne se partage pas
gonfle d’aise le plaisir de vivre
sans ces lendemains obscurs
qui donnent au regard
une couleur d’anémie.
Aimer sans souffrir
est une chanson qui ne veut rien dire.
Autant vivre sans aimer
donner au temps la chance de rester pur.
La blessure,
comme un coup reçu
dans le creux de ma tranquillité
a d’abord été surprise et étonnement
puis colère et réveil de conscience…
La raison se mit à me feuilleter
les pages du livre de ma mémoire
pointant du doigt, le nombre de fois
où l’erreur est tombée en larme brûlante
sur le chemin tracé derrière nous !
Comment n’ai-je pas pu voir
l’atroce évidence de l’illusion ?
Celle qui dessinait des poèmes
un peu comme pour mieux me tromper.
Je ne voyais dans le baiser
que la douceur des lèvres
qui se mouillaient pour recevoir
ce que j’avais, en moi, de plus profond.
Étais-je aveugle ou simplement naïf
quand je refusais les questions
dont je craignais les réponses ?
Fallait-il assassiner l’envie
que j’avais, à faire d’elle l’horizon
de toutes mes pérégrinations ?
Fallait-il achever l’amour qui agonisait
à l’ombre de ses incartades ?
Devais-je, en moi, tout oublier
pour ne garder véritable que
ce qui en elle était particulier
Au lieu de détourner le regard,
quand la maladresse venait,
comme une tache d’huile,
maculer l’image que je voulais d’elle ?
Fallait-il ne rien pardonner
quand l’écho qui me revenait d’elle
sentait la fausse odeur artificielle ?
Étais-je coupable, sans le savoir
quand la vérité dansait sous mes yeux,
celle que je refusais de voir
par amour, par besoin ou par orgueil…
Le vin est tiré, il faut le boire
jusqu’à la lie pour me consoler,
le recracher pour me punir
et me rappeler qu’il y a des cœurs
imperméables et solitaires,
pour qui l’amour n’est ni un destin,
ni l’ultime épreuve qui fait de la bête
un corps qui pense, aime et espère !
"Dans son attente, elle avait perdu la vigueur de ses cuisses, la fermeté de ses seins, et l'habitude de la tendresse, mais elle conservait intacte la folie du cœur."
Gabriel Garcia Marquez
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