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L’instant
où le regard s’étourdit
et refuse de mourir,
La lèvre tremble
et suggère l’univers
dans le baiser brûlant.
Sur l’épiderme qui frissonne…
La vie devient éclats de volupté
On oublie les misères et les fortunes
pour ne parler de rien,
se taire et écouter
le bruit du sablier
qui égrène les secondes.
Attentif au souffle devenu parfum
attentif au silence du désir…
Quand on aime
Il y a du soleil dans nos regards,
un souffle chaud au fond de nous
et, chose bizarre, même la douleur
qui se réveille quand l’autre est absent,
devient aussi douce qu’un rire d’enfant.
On sait, sans se le dire, qu’après l’attente
il y a cette symphonie qui se rythme
aux bruits des cœurs qui se retrouvent.
Quand on aime, ou retrouve l’innocence
des pensées qui dessinent, avec grâce,
tous les rêves qui font nos égarements.
Quand on aime, on voudrait, à la fois,
mourir demain et vivre éternellement.
on s’imagine pour l’autre qui s’évertue
à nous éblouir, plus fort qu’on ne peut
car lui être disponible est la preuve
que c’est pour lui qu’on se réveille.
Plus près de nous, est ce cœur
qui, pour lui, chante toute la beauté
qu’un tel amour puisse emporter.
Quand on aime, on retrouve l’enfant
qui, avec l’imagination, construit
des univers où tout est gratuit !
On se prend à ne plus croire que,
chez les gens qui, vraiment, s’aiment
il puisse y avoir, pour le mal, une place
au milieu des joies qu’ils consomment.
Quand on aime,
même dieu,
là haut, dans le ciel,
écarte les nuages
pour mieux nous regarder
afin de mieux nous protéger…
Ma solitude,
quel bel refuge !
j’y regarde ma misère dans les yeux
et j’y vois celle des autres.
Je feuillette le livre du temps
j’y découvre les couleurs de ma bêtise.
j’aurai dû ne point retenir
que le mal corrompt les âmes
et les cœurs qu’il habite
L’apprivoiser pour m’en servir et m’éviter
le ravage des égoïsmes.
mentir,
duper
ou manipuler,
faire semblant et profiter
de la volupté que je sais dessiner.
Quelle voix sourde m’en a détourné ?
Quel irréel but poursuivais-je
pour,
qu’aujourd’hui,
je me retrouve
à mendier ma propre survie.
Est-ce à cause de moi
que je suis devenu petit
ou grâce à moi,
les autres ont grandi ?
Que m’importe leur gloire empruntée
quand, en moi, bouillonne
des trésors de sincérité ?
Ils sont devenus adultes
je suis resté enfant,
ils gagnent en douleur
ce qui,
en moi,
est un printemps perpétuel.
Leur gloire,
c’est moi qui la voit
s’ils pensent pouvoir la garder
c’est ignorer que
c’est de moi
qu’ils tiennent le courage de la mériter.
Je meurs pauvre,
peut être mais,
en dehors de leur portefeuille
ils n’ont rien de ce que j’ai en moi.
Ce sont mes joies internes
qui mettent de l’ivresse fraiche
dans la musique de mes mots.
ils ont appris, en m’écoutant
ils ont grandi, en me regardant
ils ont changé mais,
comme le roc dur
qui résiste à l’usure du temps
je laisse, propre, l’image
de ceux qui ont vécu fiers et debout.
L’authenticité est un effort
qu’il faut entretenir
pour garder en nous le meilleur
de ce que nos parents ont découvert.
Ce que j’ai inventé un jour
je peux le refaire en mieux, ailleurs !
Vivre ainsi
Coupé du regard
auquel j’ai cru.
C’est ainsi, semble-t-il,
que le monde est fait.
Un désert avec, ici et là,
quelques fleurs, déjà gagnées
par la maladie commune
à tous les cœurs qui vivent,
avec ébahissement, devant
leur propre image !
L’altruisme est un leurre
qui engendre la servitude
On te dit bon et généreux
parce que tu ne gardes pour toi
que ce qui ne leur sert pas.
Donner, offrir jusqu’au rire
et se retrouver braisé
par le feu de la déception.
Vivre ainsi, coupé du monde
étranger dans le destin
que j’ai, moi-même, fabriqué
sur des gestes auxquels j’ai cru,
c’est la plus belle des erreurs,
la plus belle des leçons
mais le pire des châtiments,
sans pourtant rien faire,
que de croire qu’aimer
est un privilège rare qui
ne brûle que les cœurs purs.
Si vous voulez me voir
j’habite, heureux et seul,
au dernier étage de la solitude.
Je ne brade plus les mots
que l’ivresse de la vie
me faisait inventer,
je garde ma peine au fond
de ce qui reste à ma mémoire
comme joies douces et réelles.
HISTOIRE DE LA PHOTOGRAPHIE
Je parle…
Je parle des femmes
comme des roses qui animent le paysage
comme des courbes qui offensent le vertige
comme les épines inévitables du plaisir
comme l’algèbre des mots qui attendent
sur les lèvres mouillées par le baiser,
Comme des songes et des rêves
qui se racontent dans l’obscurité des intimités,
Comme une démarche qui impose le silence,
Comme le geste qui contraint les bouches
à rester ouvertes, éblouies et satisfaites !
Je ne parle pas des orties qui se dessèchent
au milieu des épis fiers de blé.
Je ne parle pas des femmes,
ombres courant après la lumière,
Ni celles qui choisissent le sous facile
et bradent leur liberté !
Je parle des femmes
qui ne respirent que quand l’enfant dort
Je parle de celles qui, libres d’être,
ont choisi la dignité.
Pensées
« Pour le meilleur et pour le pire » murmure le curé, dans son rôle appris par cœur mais, que sait-il du chemin que l’on parcourt à deux, lui qui attend l’amour au paradis, après sa mort ?
« Comportez-vous, avec elle, avec tendresse et douceur » lui répond l’imam en pensant à son harem individuel. Ces gens de Dieu, que savent-ils des élans qui font trembler les croyances ? Comment osent-ils donner des conseils sans pouvoir les pratiquer eux-mêmes ?
Hier, j’étais enfant et j’écoutais, dans le noir de la nuit qui me faisait peur, Fattoma la grand mère, raconter des histoires d’un temps qui n’a existé que dans dans son imaginaire. Je ne pouvais que croire tant, sa voix lente était comme un guide qui me tenait la main en entrant dans la vie des adultes. Plus tard, le silence des livres m’apprenait qu’il y avait la vie réelle et le rêve qui lui ressemble. Quand, dans mon corps, arrivaient, de je ne sais où, ces pensées rebelles, j’ai du faire un effort, pour ne pas les dire tant, la morale comme une femme inflexible, me faisait peur. Entre l’univers raconté par le cours religieux et celui, dessiné, par les livres empruntés aux missions étrangères, j’ai inventé un monde entre le sacré que je ne comprenais pas et l’insoumis qui brandissait la liberté comme une lumière. C’est entre ce qui me faisait peur et ce qui me fait vivre, que je battis ma demeure. A gauche, Dieu était assis sur un trône invisible et semblait me surveiller comme pour guetter mes faiblesses et mes erreurs. A droite, c’est une clairière verte où jouaient des enfants. Un ciel bleu un soleil qui semblait immobile, des fleurs, des papillons et toute cette lumière qui m’attirait. Je ne pensais qu’à comment faire pour aller courir mais, le regard dur me faisait peur. Je restais figé comme une statue d’enfant sur une tombe au cimetière.
Dans cette petite ville, protégée par un fleuve avec son eau de couleur beige, tout le monde semblait, comme moi, craindre cet homme à la barbe longue et je croyais, dur comme fer, que le vendredi, tous les habitants allaient, dans la grande mosquée qui surveillait le souk, un peu comme pour lui demander conseil. En sortant, chacun savait ce qu’il ne devait pas faire, ce qu’il aurait du faire et ce qu’il doit faire.
Les rares fois où craintif comme un chat, j’osai, après avoir enlevé mes espadrilles, entrer dans le silence froid de cette mosquée, quelques rares personnes se livraient à une gymnastique que plus tard, je compris que c’était des prières. C’était le seul moyen d’envoyer des messages à ce grand homme qui contrôlait nos actes et nos pensées. Je me demandais toujours, comment faisait-il pour surveiller chacun des hommes, femmes et enfants sans bouger. Je m’approchai de la fontaine au milieu et j’imitai ceux qui se livraient à ces ablutions. Une fois, un vieil homme me murmura qu’il faut respecter l’ordre et la manière de se laver le visage, les oreilles ou le nez. Une sorte de rite immuable indispensable pour que la prière soit valable. Plus tard, je fus étonné d’apprendre, que ce rite à l’eau pouvait être remplacé par un galet propre. Entre les tapis de la mosquée et la poussière de la rue, il y avait comme une frontière et, si dehors on était libre de courir, de crier et de rire, à l’intérieur, il fallait respecter le silence comme si Dieu se confondait avec les murs et le plafond. je ne détestais pas la mosquée, j’en avais peur. C’est dans les livres que tout s’expliqua pour moi: je compris qu’il y avait ceux qui vivaient en préparant ce qu’il y avait après la mort et il y avait ceux qui vivaient avant de mourir. Un choix kafkaïen surtout que personne ne pouvait revenir pour nous raconter ce qu’il y avait après la mort. Bien sûr, il y a des livres qui en parlent mais sil faut croire ce qu’on y trouve, ne faut-il pas croire aussi les livres qui n’en parlent pas ? Tous les livres étaient écrits par des humains. Qu’est-ce qui donne plus de crédibilité aux uns plutôt qu’aux autres ? Mr Alem, notre professeur d’éducation religieuse nous raconta que le vieil homme à la barbe blanche, de temps à autre, envoyait des hommes pour corriger nos actes et nos comportements. Il corsa l’histoire en certifiant qu’il n’y aura plus de prophètes. le dernier est celui qui apporta l’Islam. A côté de cette vision qui mettait la mort, entre la vie et l’au delà, il y avait cette autre approche qui faisait de la mort, la fin de l’histoire d’un homme.
C’est après le Baccalauréat que je pris conscience que ceux qui servaient Dieu, s’en servaient pour vivre comme des prophètes. Cela m’apparut comme une usurpation de la fonction de prophète. Certains me disent qu’ils ont lu tout ce qui tourne autour du prophète, c’est un peu, pour cela, qu’ils sont des savants et des experts. La petite voix d’enfant, dans ma tête, me murmura « oui, mais eux, ils comptent vivre après leur mort ! »
L’Histoire me subjugua avec ces épopées qui se répètent, un éternel recommencement. D’un côté, les prophètes ou artisan de la vie et de l’au delà et de l’autre, plus pragmatiques, ceux qui pensent qu’on n’a qu’une vie alors autant la vivre jusqu’à la lie ! Je me dis souvent que si je n’avais pas ouvert un autre livre que celui du prophète, je ne serais pas, aujourd’hui, devant ce dilemme. J’aurai cru ou compris qu’il faut préparer à ce qu’il y a après la mort mais voilà, j’ai ouvert d’autres livres. On m’a enseigné que les hommes, les bêtes et les choses sont des assemblages moléculaires et que la plus petite portion de la vie ressemble, en infiniment grand, à l’univers. Les sciences m’ouvrirent un univers beaucoup plus grand, beaucoup plus complexe que ce que me raconte le barbu qui veut me faire croire que Dieu sait d’avance ce que je vais devenir et que tous mes choix découlent de sa volonté. Si je suis pauvre, c’est qu’il veut tester cette foi que lui-même m’a insufflée. Dieu existe, nul ne peut contester son existence ne fut-ce que pour expliquer d’où nous venons et comment sommes-nous ce que nous sommes. C’est dans les livres que j’ai appris que l’homme est un loup pour l’homme et que si nous sommes, aujourd’hui, organisés pour vivre ensemble, c’est parce que nous avons inventé des lois qui délimitent à chacun, ses devoirs et ses libertés. Dieu, l’au delà, les prophètes, le paradis ou l’enfer, libre à chacun de leur donner la forme qu’il veut et c’est là, ce qu’on appelle la liberté de conscience !
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