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Jack London
Jack London, de son vrai nom John Griffith Chaney, est un écrivain, auteur de romans et nouvelles d’aventures, de récits autobiographiques et d’essais.
Sa mère, Flora Wellman, abandonnée par son amant qui ne voulait pas d’enfant, tente de se suicider. Quelques mois après, elle épouse John London, un veuf, père de deux enfants. Plus tard, pour le distinguer de ce père, on appellera l’enfant Jack. Flora est spirite et donne des leçons de piano. Jack exerce de nombreux petits boulots, tels pilleur d’huîtres, travaille dans la patrouille de pêche, fréquente les voyous du port d’Oakland, découvre l’alcool.
En 1893, Jack s’embarque comme matelot sur la goélette « Sophie Sutherland » pour aller chasser le phoque au large des côtes du Japon. Ce voyage lui inspirera son premier récit, « Un typhon au large du Japon », couronné par le prix de la rédaction du San Francisco Morning Call. Ensuite, il suit les vagabonds le long des voies de chemin de fer et participe à la marche des chômeurs sur Washington. Il est emprisonné à Niagara Falls pour vagabondage. C’est à cette période qu’il adhère au parti socialiste.
En 1897, il participe à la ruée vers l’or du Klondike. Il attrape le scorbut et est rapatrié en 1898. Ses expériences alimentent son inspiration. Il publie sa première nouvelle sur le Grand Nord, « À la santé de l’homme sur la piste » (1899). Le recueil « Le fils du loup » (1900) est un succès. Il se marie et sera le père de deux filles.
En 1902, il part pour Londres et publie une enquête sociologique des taudis de l’East End, intitulée « Le Peuple de l’Abîme ». L’année suivante, il publie son célèbre « L’Appel de la forêt » (The Call of the Wild, 1903), qui connaît un succès foudroyant, vendu à six millions d’exemplaires. En 1904, « Croc-Blanc » (White Fang) est publié et connaît un lui aussi un grand succès.
En 1907, il se fait construire un bateau, le « Snark », et entame un tour du monde qui prend fin en Australie, où il doit se faire soigner pour des maladies tropicales. Il écrit « Martin Eden » (1909), roman d’inspiration autobiographique et considéré comme son chef-d’œuvre.
En 1909, il est de retour en Californie et entreprend par la suite, un voyage autour du Cap Horn. En 1911, il publie « Le Mexicain ». En 1913, il publie des mémoires, « John Barleycorn, le Cabaret de la dernière chance » où il raconte sa lutte contre l’alcoolisme.
Devenu riche et célèbre, il meurt à l’âge de quarante ans.
L’explorateur
Si je n’aime pas une chose, je ne l’aime pas, voilà tout ; et rien au monde ne me fera l’aimer, parce que la grande majorité de mes contemporains l’aime, ou fait semblant de l’aimer. Mes goûts et mes aversions ne suivent pas la mode.
- Le vagabond est l’une des composantes du système. Si la masse des chômeurs permet de maintenir une main-d’œuvre sous-payée, au bas de l’échelle sociale, le vagabond marque la limite entre le chômeur et le vide. L’armée des travailleurs en excédent permet au système de fonctionner avec des salaires très bas.
- La mort est douce ! Il n’y a que la vie et toutes les choses inhérentes à la vie qui blessent. N’empêche que nous l’aimons et haïssons la mort. N’est-ce pas étrange ?
- Sans plus ramper et se traîner sur le sol, il prenait déjà l’allure oblique et furtive de sa mère, ce glissement rapide et déconcertant à peine perceptible, presque immatériel.
- L’ivrogne ordinaire roule facilement dans le ruisseau, mais quelle terrible épreuve, pour l’autre, de se tenir droit, bien assuré sur ses deux jambes, et de conclure que dans l’univers entier il n’existe pour lui qu’une seule liberté : celle de devancer le jour de sa mort.
- L’homme heureux est celui qui est incapable d’avaler deux verres sans être ivre ; le pauvre bougre à plaindre est celui qui peut en absorber beaucoup avant de trahir les moindres symptômes d’ébriété, et qui doit en boire des quantités pour recevoir le coup de fouet .
- Ce qui est bon est vrai. Et tel est le genre de vérité, de vérité inférieure, qu’il doit connaître et prendre pour guide de ses actes, avec la certitude inébranlable que c’est la vérité absolue et que nulle autre ne saurait prévaloir dans l’univers. Il est bon que l’homme accepte à première vue les tromperies des sens et les pièges de la chair, qu’à travers les brouillards de la sensiblerie il poursuive les leurres de la passion, sans en discerner les ombres ni la futilité, sans être terrifié par ses convoitises et ses désirs.
- Seul parmi les animaux, l’homme jouit du terrible privilège de la raison. L’homme, avec son cerveau, peut transpercer le mirage enivrant des choses et contempler un univers figé dans la plus parfaite indifférence envers lui et ses rêves. Oui, l’homme peut entrevoir cette vision, mais elle ne vaut rien pour lui. Pour vivre, pour vivre pleinement, pour palpiter de vie, pour être une créature vivante, — ce qu’il doit être — il est bon que l’homme se trouve ébloui par la vie et illusionné par les sens.
Pour conserver, il faut accepter de perdre, et pour vivre, il faut mourir un peu.
Ma première lecture
Il n’est guère de destin posthume plus insolite que celui de l’œuvre déconcertante de Jack London, qui se proclamait l’écrivain le plus célèbre et le mieux payé de son temps. Les pays socialistes admirent encore le défenseur du peuple ; ailleurs on ne se souvient que du bestiaire prodigieux qu’il inventa et du secret plaisir que peut éveiller à douze ans la lecture de récits où le sang coule en abondance. Tout aussi déroutante, sa vie brève et mouvementée est à l’image d’une Amérique en pleine mutation au seuil du XXe siècle, où la classe ouvrière mène des combats d’une violence sans précédent. Très tôt, il s’engage dans la lutte contre une société dont il incarne cependant toutes les contradictions. Enfant gâté d’un public qu’épouvantent ses appels enflammés à la révolution, enfant terrible du Parti socialiste qu’afflige l’incohérence têtue de ses propos, il demeura insensible à toute critique, obstiné à la poursuite de ses chimères, et finalement incapable de résoudre ses conflits autrement que par le suicide
L’explorateur
LE PHOTOGRAPHE
Marin en Sibérie et au Japon, blanchisseur, pilleur d’huîtres, chasseur de phoques, vagabond, chercheur d’or, militant socialiste, correspondant de guerre ou agriculteur… l’auteur de L’Appel de la forêt, de Martin Eden, du Peuple d’en bas, de John Barleycorn ou du Talon de fer aura bel et bien vécut plus de cent vies. Curieusement, on ignore souvent que cet aventurier des mers et des mots était également un photographe de génie qui, par l’image, a reflété son temps. Et de quelle manière ! Avec plus de 12 000 clichés, le petit gars des rues de San Francisco a porté sur le monde le regard des grands humanistes, sans jamais se départir d’une sensibilité loin des images d’Épinal attendues.
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