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Instant de vie
j’entrai sur la pointe des pieds, je la vis, de dos, occupée à arranger sa vie comme un livre. Sa chevelure tombant sur les épaules, ce dos sublime qui raconte l’ivresse des longues caresses nocturnes. Elle était douce dans sa tranquillité discrète, dans son innocente beauté et si fine, quand elle marche, quand elle bouge avec grâce.
J’étais là, perdu dans ma contemplation et comme prévenue par je ne sais quel ange invisible, exactement au moment où, en m’approchant, son parfum me grisa, elle se retourna et se figea. Les beaux yeux écarquillés, elle semblait ne pas croire ou comme dans un rêve, qu’elle allait se réveiller frissonnant au froid de mon absence. Nos yeux se fixèrent comme pour comprendre, comme pour réaliser que nous étions ensemble, l’un en face de l’autre et, avec une seule envie, se laisser aller dans les bras de l’autre, comme ces retrouvailles avec le soldat qui revient du front avec ce bonheur d’avoir échappé à la mort. Elle prit conscience que j’étais là et que c’était bien réel et fit mine d’avancer vers moi et chuchota:
– Toi ?
– oui, moi répondis-je, ouvrant mes bras, en avançant vers elle. Elle se jeta dans mes bras comme une naufragée s’accrochant à une planche de salut et me serra si fort que je ne pris conscience que de l’odeur de ses cheveux, grisant comme un subtil parfum de femme coquette et belle. Je la serrai dans mes bras et je l’entendis dire à mon cou: « Pourquoi ne m’as-tu pas prévenu que tu allais venir ? »
Ma main caressa son dos et de l’autre, je tins sa nuque en m’écartant pour mieux la voir, mieux la regarder et mieux admirer cette frimousse, si chère et si familière. Sa bouche entrouverte et ses lèvres frémissantes: mon visa pour la volupté quand je l’embrassai si fort que je la sentis faillir, presque perdre pied dans cette salle, témoin de nos retrouvailles. Nos lèvres se décollèrent, le temps d’un long moment pour nous voir et nous fixer puis se collèrent, de nouveau, avec une telle intensité qu’il me semblait qu’elle cherchait en moi, tout ce temps perdu sans moi.
Pendant plusieurs minutes, nous nous appartenions avec une telle certitude que je compris que s’aimer, ainsi, ne pouvait être qu’un rêve qui se réalisait, lentement mais sûrement. Elle était dans mes bras, après avoir hanté mes nuits. Elle était là, collée contre moi et qu’elle fut ma surprise de constater que cela allait au delà de tout ce que je pouvais imaginer dans mon lointain exil volontaire. Le silence de notre amour qui se consumait dans cette fusion des corps et des âmes n’avait d’égal que ma soif de vivre ce qui nous attend dans les heures qui viennent.
Elle s’écarta de moi pour mieux me regarder, je fis semblant de subir son regard alors qu’au fond de moi, elle est telle que je l’ai aimée, à la fois fine et féminine et sans attendre le verdict de son jugement, je mis ma main sur sa taille et l’entraînai vers le canapé pour y prendre place. Nos mains restèrent entremêlées et dans un geste d’infinie tendresse, elle posa sa tête sur mon épaule pour me murmurer: « Chéri, tu m’as manqué atrocement ! »
Petites pensées
Dans la chaleur des nuits partagées, moitié vécues comme un hommage aux courbes pleines et moitié sacrifiées pour le temps qui reste à vivre. L’incendie brûle ce qui reste des minutes perdues à attendre et, dans le brouillard des fougues qui font bouger les corps, on n’est plus seuls et on n’est pas deux. Quand, autour du doigt qui annonce le statut, on fait tourner le serment de vivre ensemble, le regard qu’on échange devient un tapis confortable pour étouffer le bruit des querelles inutiles.
Nous sommes faits pour aimer sinon Dieu s’est fourvoyé en inventant l’humanité. Nous sommes nés pour lutter pour que se construise le rêve qu’on invente pour exister. Touchons la vie comme un sein qui palpite en dispensant la vigueur qui réchauffe, en nous, l’enfant qui veille ou sommeille encore.
Si l’homme porte l’étendard de la dignité d’un couple qui avance, la femme, dans sa douceur indispensable, rafraîchit l’ombre qu’elle prépare comme un autel. Je ne veux rien dire pour prétendre avoir tout compris mais je reste certain qu’on ne construit l’univers qu’avec des mots d’Amour. La haine est un défaut qui transpire des carcasses qui s’acharnent à ne voir que leur nombril !
Du cœur d’une femme sensible
Jaillit le bonheur de l’humanité
Et de la noblesse de son cœur
Naissent leurs sentiments.
Gibran Khalil Gibran.
Contresens
If you love somebody, let them go, for if they return, they were always yours. If they don't, they never were.
L’amour est plus fort chez ceux qui respectent, pour chacun, ses libertés. A ce stade, on confondra, aisément, amour et foi car non imposables et choisis librement. C’est dans sa liberté que l’amour est plus pur !